Le Groupe de contact international sur la Somalie a demandé vendredi à Nairobi le financement "urgent" d'une force de paix dans le pays, au moment où Al-Qaïda appelle les Somaliens au jihad contre l'armée éthiopienne qui a brisé les forces des tribunaux islamiques. Le Groupe de contact, réuni à la demande des Etats-Unis, "insiste sur le besoin urgent d'un financement pour faciliter le déploiement d'une force de stabilisation en Somalie basé sur la résolution 1725 du Conseil de sécurité" de l'ONU, selon un communiqué final lu par le ministre kényan des Affaires étrangères, Raphaël Tuju, qui ne fixe aucun calendrier de déploiement. Dans ce cadre, les Américains, qui ont déjà annoncé jeudi une aide d'urgence à la Somalie de 16 millions de dollars, ont indiqué vendredi qu'ils allaient débloquer 24 autres millions de dollars, dont 14 pour la force de paix. "Aujourd'hui, nous avons annoncé que nous donnons en plus 24 millions de dollars, 10 millions pour le développement et 14 millions pour la force de stabilisation", a indiqué la secrétaire d'Etat adjointe américaine aux Affaires africaines, Jendayi Frazer. Le Groupe "confirme sa disponibilité pour fournir un soutien immédiat pour la stabilisation de la Somalie, basé sur la résolution 1725", ajoute le communiqué. Lancé en juin 2006, le Groupe de contact comprend des représentants de l'ONU, de l'Union européenne (UE), de l'Union africaine (UA), de la Ligue arabe, de l'Autorité intergouvernementale de développement (Igad, regroupant sept pays d'Afrique de l'Est), des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de l'Italie, de la Norvège, de la Suède et de la Tanzanie. Le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé début décembre le déploiement par les pays africains d'une force de paix en Somalie, livrée au chaos depuis 16 ans. Pour l'instant, seul l'Ouganda, dont le président Yoweri Museveni est depuis jeudi à Addis Abeba pour des entretiens avec l'UA et les autorités éthiopiennes, s'est dit prêt à envoyer des forces. Aussi, le ministre kényan des Affaires étrangères a été chargé par le Groupe de tenter de trouver des contributeurs à la force. Le Groupe de contact estime aussi "qu'une conférence des donateurs doit être organisée" pour l'aide à la Somalie. Les participants à la réunion ont également appelé à un dialogue incluant toutes les parties somaliennes. "Il est essentiel qu'un processus de dialogue politique et de réconciliation incluant toutes les parties (clans, religieux, hommes d'affaires, société civile, femmes et tout groupe rejetant la violence et l'extrémisme) soit lancé sans délai", ont-ils jugé. Le ministre somalien des Affaires étrangères, Ismaël Mohmoud Hurreh, a déclaré à la presse que l'actuel gouvernement de transition "inclut déjà" toutes les parties. Mais Jendayi Frazer a aussi insisté pour une ouverture du gouvernement. "C'est très important que le gouvernement s'ouvre largement et inclue des éléments modérés des tribunaux islamiques (...) Aux Somaliens de choisir qui est modéré", a-t-elle déclaré à la presse. Selon un diplomate, Etats-Unis et UE se sont opposé au cours de la réunion, les premiers insistant sur la stabilisation et le déploiement d'une force, les seconds "voulant avoir la certitude que le dialogue va s'ouvrir avant de financer".Les Nations unies envisagent d'autoriser les travailleurs humanitaires à retourner sur place dès la semaine prochaine.