En marge de sa visite officielle en Algérie, madame Fadela Amara, secrétaire d'Etat française, chargée de la Ville, était hier l'invitée de la Radio nationale Chaîne 3 dans le cadre de son émission quotidienne "l'invité de la rédaction". Mme Amara a, de prime abord abordé des questions d'actualité en rapport avec les relations entre la France et l'Algérie et les questions régionales dont notamment le projet de l'Union pour la Méditerranée (UPM). Dans ce contexte, elle pense que le projet en question est un projet politique extrêmement important et très instructif, "dans le sens que pour la première fois, on n'est pas dans la même situation que le processus de Barcelone, c'est-à-dire que tous les partenaires tiennent un créneau et inscrivent ensemble dans le respect des uns et des autres, un projet pour l'UPM ". Elle précise que ce n'est pas quelque chose qui vient de l'Europe de la France en particulier, "un projet ficelé, clef en main, qu'on distribuerait au hasard et dans lequel on demanderait aux différents pays, de qui on souhaiterait la présence, d'y adhérer. Là, il s'agit d'un projet commun conçu dans le respect des uns et des autres". Elle avertit dans ce sens que ce n'est pas un "Barcelone bis", mais de voir ce projet comme un concept politique "écrit avec les partenaires, et notamment l'Algérie. Moi, je suis évidemment, et vous le comprendrez pour des raisons extrêmement privées, très attachée à ce que l'Algérie soit présente dans ce projet là. Il faut tout faire pour que l'Algérie participe à l'élaboration de ce projet parce qu'elle est un partenaire indispensable et vraiment crucial pour la réussite du projet d'Union pour la Méditerranée". Interrogée sur la notion de "respect des uns et des autres" en lien avec la reconnaissance du passé colonial que devrait exprimer la France officiellement, Mme Amara estime que "tout ce qui a été dit par le président de la République française lors de sa visite d'Etat en Algérie, particulièrement le discours de Constantine y compris les dernières déclarations de l'ambassadeur de France en Algérie, sont des discours qui vont dans le bon sens. Je suis d'origine algérienne, mon père est immigré algérien, il a participé à partir de la France à la guerre d'indépendance, et je pense que beaucoup de jeunes comme moi, on besoin de savoir ce qui s'est passé. La mémoire est importante mais je ne crois pas à la repentance". Pour elle, ce qui est important, c'est de permettre aux historiens des deux côtés de faire le travail pour construire "une histoire" qui permettrait d'entretenir cette mémoire là. "Elle est importante à la fois pour les Algériens mais aussi importante pour les Français. Ce qui est également important, c'est que cela ne devienne pas une sorte de clivage qui empêche à la fois les Algériens et les Français de se projeter dans un avenir commun". Elle reconnaît qu'au niveau humain, politique et historique, c'est important, mais en même temps, il ne faudrait pas qu'"on tombe dans une posture de radicalisation qui empêcherait toute collaboration, toute possibilité, de construire la main dans la main quelque chose". Evoquant la récupération des archives, source de référence pour l'écriture de l'histoire, Mme Amara pense qu'il faut aller dans ce processus. "L'histoire doit se faire sur la base réelle de textes certifiés qui construiraient une histoire vraie et qui permettraient de construire une vraie mémoire". Elle se dit pour l'ouverture de ces archives. Parlant de la coopération dans la lutte contre le terrorisme et répondant à une question sur l'amalgame qui est fait entre islam et terrorisme, elle répond que "c'est une question un peu compliquée, la réalité, c'est que souvent le terrorisme est lié à l'islamisme. Aujourd'hui, c'est très important de regarder globalement la situation. Je pense sincèrement que les démocraties sont en danger avec l'utilisation de cette forme de violence. Les régimes qui sont en place actuellement ont plutôt intérêt d'avoir une collaboration étroite. En Algérie, on sait que c'est le terrorisme qui est directement impliqué dans ces actes de violence, mais on sait aussi qu'en Espagne, c'est l'ETA qui n'a rien à avoir avec une quelconque religion, donc on est plutôt dans une utilisation du terrorisme lié à la question identitaire et culturelle ". Elle estime qu'à la fois l'Algérie, la France, l'Espagne et tous les pays autour "doivent lutter contre le terrorisme quelque soit sa tendance et sa couleur politique ou ses appartenances liées à une quelconque religion". A son avis, la lutte contre l'immigration clandestine et l'émigration choisie, est une dérive qu'il faut absolument éviter. Sur la question des informations rapportées ces derniers jours par Reuters à propos d'actes terroristes qui n'ont pas eu lieu et du reste démenties par les autorités algériennes, Mme Amara estime qu'il faut faire très attention à l'instrumentalisation médiatique des choses. "Je ne pense pas qu'il faut d'une manière ou d'une autre alimenter, aider ou accompagner justement cette propagande islamiste. Il faut au contraire l'encadrer correctement et surtout l'amoindrir parce que plus on en parle, plus aussi on participe à terroriser les gens. Moi, je suis persuadée que l'Algérie et le peuple algérien nous ont fait la démonstration de leur courage, en résistant à toutes les formes de terrorisme".