En pleine crise avec les pêcheurs en Europe, la Commission européenne a décrété l'interdiction de la pêche au thon rouge en Méditerranée, les quotas étant en voie d'être épuisés pour cette espèce menacée.Bruxelles a annoncé hier que la pêche au thon rouge serait désormais interdite à partir de lundi jusqu'à la fin de l'année en Méditerranée, les quotas de pêche annuels étant déjà atteints. D'ores et déjà, des protestations se sont élevées en France et en Italie. Le directeur général des affaires maritimes et de la pêche de la Commission européenne a transmis un courrier en ce sens aux pays concernés leur annonçant l'interdiction de la pêche au thon rouge par les thoniers senneurs battant pavillon ou enregistrés en France, Grèce, Italie, Chypre et Malte à compter de lundi 0h. Les pêcheurs espagnols jouiront d'une semaine de plus. Les thoniers senneurs français, italiens, grecs, chypriotes et maltais devront rester à quai à partir du 16 juin et leurs homologues espagnols pourront pêcher jusqu'au 23 juin. Cette pêche industrielle représente 70% de l'activité et la pêche artisanale en Atlantique de l'Est pourra se poursuivre jusqu'à épuisement des quotas, a précisé la Commission. “Nous savons, par les données scientifiques que nous avons, que les quotas seront épuisés le 16 juin et c'est pour cela que nous arrêtons la pêche au thon rouge”, a déclaré Nathalie Charbonneau, porte-parole du commissaire à la Pêche John Borg. Peu après cette annonce, la France a demandé une réunion en urgence du comité d'expertise de la Commission européenne. La décision de la Commission risque d'être mal accueillie par les marins-pêcheurs, qui ont bloqué des ports et des raffineries pour obtenir des aides afin de compenser la flambée des prix du carburant, en hausse brutale depuis plusieurs mois. L'an dernier, la pêche au thon rouge avait été arrêtée le 19 septembre - l'Italie et la France avaient mis fin à leurs activités respectivement en juillet et en août 2007 - après que les quotas avaient été épuisés voire dépassés. Le quota de l'UE, lui, est attribué par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta), puis est réparti entre les Etats membres concernés à l'aide d'une clé de répartition établie d'un commun accord. A plusieurs reprises, les scientifiques ont mis en garde contre le risque d'effondrement des stocks de thon rouge, une espèce qui fait les délices des amateurs de sushi - au Japon, le prix d'un de ces poissons peut atteindre 100.000 dollars. L'importance de la pêche illégale a été désignée comme une cause fondamentale du déclin de cette ressource. Le 27 novembre 2007, les ministres de la Pêche avaient adopté un plan de sauvetage d'une durée de 15 ans pour le thon rouge dans l'Atlantique Est et la Méditerranée. Outre la réduction des quotas, le poids minimum des poissons qui peuvent être pris dans les filets passera de 10 à 30 kg pour laisser vivre les “juvéniles” qui se reproduisent, la pêche sera interdite pendant certaines périodes et des mesures seront prises pour assurer la traçabilité des captures.