Les ministres de l'Energie des principaux pays producteurs et consommateurs du monde se rassembleront en Arabie saoudite le 22 juin afin de trouver une solution à la flambée des prix du pétrole, a déclaré samedi le ministre saoudien de l'Energie, Ali Al-Nouaimi. La conférence, qui se déroulera dans la ville portuaire de Djeddah, vise à parvenir à un accord de coopération entre les pays producteurs, les pays consommateurs et les différentes organisations afin de lutter contre les prix “anormaux” du pétrole, a indiqué le ministre. Cette conférence a été organisée par l'Arabie saoudite dans un contexte de très forte envolée des prix du brut. Le baril a pris près de 40 dollars depuis le début de l'année, frôlant les 140 dollars la semaine dernière. La question cruciale à laquelle cette réunion de Djeddah devra trouver une réponse concerne les moyens à trouver pour ramener le prix du pétrole à des niveaux convenables. Une question délicate, d'autant que l'approche des pays consommateurs se trouve aux antipodes de celle des producteurs. En effet, pour les consommateurs, la seule façon de répondre à la question réside en une augmentation de la production. Il est donc fort à parier que les vœux des consommateurs est de voir l'Opep augmenter sa production aussitôt la rencontre de Djeddah terminée. Côté producteurs, on estime que le problème qui se pose se situe au niveau de la crise économique qui sévit aux Etats-Unis d'Amérique et qui a conduit à la dépréciation du dollar, ainsi que des menaces contre l'Iran, ce qui a constitué une source de perturbation géopolitique. L'Arabie saoudite, premier producteur de pétrole brut au coude-à-coude avec la Russie, se dit prête à pomper plus si le marché en a besoin, mais répète à l'envi, comme ses partenaires de l'Opep, que le marché n'a pas besoin de plus de pétrole à l'heure actuelle. D'autant que l'Opep a accru sa production de près de 500.000 barils par jour le mois dernier, pompant au total 32,3 millions de barils par jour, au-delà de ses quotas officiels. L'Opep estime que le prix actuel du baril n'est pas lié à un manque d'approvisionnement du marché mais aux tensions géopolitiques et à la spéculation. A l'évidence, l'Opep est consciente que les pays consommateurs tentent en fait de faire pression pour que l'offre soit encore plus abondante sur le marché, alors même que plusieurs pays membres de l'organisation sont contre cette perspective à l'instar de l'Algérie. D'ailleurs, le président de l'Opep, M. Chakib Khelil, a encore souligné, jeudi, “l'existence de pressions incitant l'Organisation à augmenter la production”, alors même que les fondamentaux sur les marchés internationaux n'influent pas à l'heure actuelle sur la question des prix. Tout porte à croire que les consommateurs auront du mal à faire fléchir la position de l'Opep. L'Organisation ne semble pas prête à modifier sa production, du moins pas avant le 9 septembre date de sa prochaine réunion ordinaire. Cependant, les adeptes de l'augmentation espèrent une action en solitaire de l'Arabie saoudite. C'est du moins ce qui ressort des déclarations du secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, en visite hier en Arabie saoudite. M. Ban Ki-moon a déclaré, au lendemain de ses entretiens avec le roi, que l'Arabie “semble étudier très sérieusement la façon dont elle peut répondre à cette question (de la hausse du prix du baril) en augmentant sa production”. Ces propos semblent aller dans le sens des informations du magazine économique spécialisé Middle East Economic Survey (MEES) et du New York Times, qui ont rapporté que l'Arabie pourrait décider, lors de la réunion de Djeddah, de porter à 10 mbj sa production. L'Arabie produit actuellement 9,45 millions de barils par jour (mbj), 300 000 de plus qu'en mai.