L'uranium qui culminait à 138 dollars la livre, en 2007, ne vaut plus que 60 dollars sur le marché au comptant. Une dégringolade qui paraît bien étrange au regard de l'envolée continue des autres matières premières énergétiques comme le pétrole, le charbon ou le gaz. Cette baisse est toutefois très relative puisqu'elle ne concerne que le minerai échangé sur le marché spot pour une livraison immédiate, c'est-à-dire 10 % seulement de ce qui est consommé par les centrales nucléaires. Pour le reste de leur approvisionnement, les centrales préfèrent s'en remettre au contrat à long terme où les prix pratiqués sont nettement plus élevés : de l'ordre de 90 dollars la livre. Ce niveau n'a pas bougé, depuis juin 2007. Quand une marchandise livrable à une échéance lointaine est plus chère qu'à une échéance rapprochée, cela démontre que les vendeurs sont toujours en mesure d'imposer leur prix. La chute du marché spot s'explique en partie par les déstockages effectués par le Département américain à l'énergie. 1 500 tonnes d'uranium ont été cédées. La crise des subprimes qui a éclaté, en été 2007, a par ailleurs provoqué le départ précipité des investisseurs, faisant dégonfler la bulle formée dans les premiers mois de l'année. En 2008, le marché devrait redevenir excédentaire, largement en mesure de couvrir la demande renaissante pour le combustible. La Russie, l'Inde et surtout la Chine représentent le plus fort potentiel de hausse de la consommation, au regard des centrales en construction ou en projet dans ces trois pays. Les mines qui doivent entrer en service, dans les prochaines années, dans les trois principaux pays producteurs, le Canada, l'Australie et le Kazakhstan, devraient suffire à répondre aux nouveaux besoins qui s'expriment. Au-delà, c'est-à-dire d'ici 2020, l'essor de la production nécessaire pour répondre à la résurrection de l'énergie nucléaire est encore incertain. Les compagnies minières mettent déjà les bouchées double en budget d'exploration pour découvrir de nouvelles réserves assurant les ressources du futur.Les gisements que l'on découvre aujourd'hui sont quasi tous plus pauvres en uranium que ceux déjà exploités. De plus, un gisement n'est jamais exploité en totalité, par manque de rentabilité économique, même à un prix élevé de l'uranium, ou du fait d'un risque financier trop élevé compte tenu des difficultés rencontrées. Cependant, la principale limitation provient de la nature du gisement et des obstacles techniques à son exploitation, quel qu'en soit le coût. Le manque d'uranium limitera ainsi l'utilisation d'une partie des centrales nucléaires entre 2015 et 2025. Toutefois, la demande devrait continuer à surpasser la production tant cette année que la suivante, et toute faiblesse des prix ne peut être que très temporaire. Un facteur crucial devrait être les positions prises par les investisseurs qui détiennent l'équivalent de 8 000 à 10 000 tonnes de matière. Etant entrés sur ce marché pour le moyen ou le long-terme, il semble improbable qu'ils décident subitement de liquider leurs positions, conjecture Macquarie