Le thème de " L'Intelligence économique " a constitué hier, un sujet de débat passionnant tiré par tous les bouts, par de nombreux experts algériens conviés à la table ronde du forum hebdomadaire d'El Moudjahid. Un fait remarquable : en dépit des acceptations mutuelles des différents développements faits autour de ce sujet, vecteur de l'économie à l'ère de la mondialisation, tous les participants, ont tenu à marquer quelques nuances, ne serait-ce que lors de la définition du sujet de " l'Intelligence économique ". Ce qui dénote à la fois de l'importance de ce thème et de sa complexité. Les experts économiques invités à cette table ronde, entre autres, M. Abdou Abderrahmane, un chercheur du CREAD, M. M'nouar Med, directeur de l'Université de formation continue, UFC, ou encore, l'ancien ministre de l'Energie, M. Ammar Mekhlouf, malgré ces divergences, sont unanimes à dire que l'intelligence économique est "premièrement une politique de compétitivité, d'accompagnement des entreprises sur les marchés mondiaux; ensuite, une politique de sécurité économique qui s'appuie sur la définition d'un périmètre stratégique de l'économie nationale, puis sur le plan international; politique d'influence, notamment auprès des organismes où s'élaborent désormais les normes qui règlent la vie économique". Il convient de souligner dès lors que "L'Intelligence économique " (l'appellation est elle-même déjà très largement mitigée) est un état d'esprit collectif, qui repose sur la "maîtrise de l'information et sur, surtout, la diffusion et protection des savoirs stratégiques dans l'Internet du développement collectif des entreprises", remarque M. Abderahmane. Cette intelligence, qui, pour les Français, signifie plus une stratégie de guerre par la possession, la sauvegarde et l'utilisation de l'information, mais qui pour les Américains est plus assimilée à une notion d'espionnage "agressif", est aussi une politique de formation, à laquelle l'enseignement supérieur est particulièrement appelé à s'intéresser. "... A la différence de mes camarades, je persiste à dire que les règles de l'économie actuelles sont les seules qui ont cours alors qu'il faudrait que nous développions un patriotisme économique défensif et offensif ... ", résume l'ancien ministre de l'Energie. L'expert du CREAD, quant à lui, a tenu à préciser que cette intelligence n'est pas le fait de construire un système d'information, et se fouiner dans un état stationnaire, mais plutôt d'accéder à l'information, pour pouvoir se défendre tout en tenant compte des nouveaux modes de gestion des entreprises qui ont changé même en Algérie. Les experts nationaux regrettent surtout la non démocratisation de l'information, puisque les gestionnaires observent toujours une attitude de méfiance et de monopole de l'information qui fait exclure les employés du circuit de décision. C'est une tâche qui incombe aux pouvoirs publics aussi. L'état est invité à faire un effort de formation. "L'intelligence économique est l'ensemble des techniques ayant pour objectif, par des moyens légaux (et illégaux) d'apporter des informations à l'organisation, c'est-à-dire à enrichir le savoir de l'entreprise, ainsi que de lutter contre les menaces directes contre l'organisation (espionnage, vandalisme, voire terrorisme), essentiellement en les prévoyant. L'intelligence économique se distingue de l'espionnage économique car elle utilise exclusivement des moyens légaux." Med Nezzal, un autre expert fait remarquer par ailleurs, que malgré les retards enregistrés en Algérie en la matière, les entreprises qui s'étaient retrouvées livrées à elles-mêmes sur ce plan sont actuellement conscientes de l'impératif de s'unir et de construire des réseaux d'information. Elles ont de plus en plus tendance à demander l'assistance des Bureaux Conseils, mais encore, ces derniers ne sont pas à la hauteur de leurs attentes….