Les intervenants n'ont pas manqué de relever les erreurs accumulées par manque, entre autres, d'espaces de concertation. Syndicalistes, chefs d'entreprise, conseillers et cadres du ministère de l'Industrie ont composé ensemble hier au «Forum d'El Moudjahid sur la mise en place d'une stratégie industrielle efficace et fonctionnelle à même de faire face aux défis nombreux de la mondialisation et aux exigences implacables d'une économie de marché qui semble tarder à s'installer en Algérie malgré toute une batterie de mesures prises dans ce sens. Parmi les thèmes présentés et débattus, lesquels du reste, ont été arrêtés au niveau du ministère de l'Industrie, on relève ceux intéressant le partenariat, la mise à niveau des entreprises et organes divers (normalisation, métrologie, régulation...) et surtout les questions liées à l'intégration de l'Algérie à l'OMC et aux zones de libre-échange. Presque tous les conférenciers participant à cette table ronde se sont accordés à reconnaître et admettre le manque flagrant de stratégie performante dans le management des moyens. Celle-ci, ont estimé les conférenciers, doit se montrer apte à affronter la féroce compétitivité imposée par l'économie de marché à laquelle l'Algérie adhère pleinement et sans réserve. Cette adhésion se vérifie notamment, à travers un marché qualifié par un intervenant expert indépendant, lors de son intervention «du plus ouvert du bassin méditerranéen de par les lois et réglementations audacieuses qui le caractérisent.» Malgré l'absence d'un débat contradictoire, les conférenciers ont su capter l'attention des participants sur divers points précis comme la nécessité d'oeuvrer pour la pratique de la sous-traitance par des opérateurs lesquels eux-mêmes, à leur tour, pourraient sous-traiter comme il est d'usage dans nombre de pays. Cette stratégie aiderait, sans nul doute, à réanimer le marché de l'emploi en résorbant un tant soit peu le chômage dans le pays en le ramenant du niveau de 13% à un taux aujourd'hui acceptable de 3 à 4%. C'est là une option possible grâce aux potentialités réelles qu'offre l'industrie algérienne. Elle doit s'orienter vers les immenses projets structurants en cours dans le pays, dans les domaines du rail, des barrages, des ports... inscrits dans le programme de soutien à la relance économique (Psre) qui se monte à quelque 60 milliards de dinars. L'intervenant fera remarquer que «l'Espagne s'est développée en grande partie grâce à la sous-traitance privilégiant un investissement utile créateur d'emplois». Les intervenants n'ont pas manqué de relever les erreurs accumulées par manque, entre autres, d'espaces de concertation et de discussions sur les stratégies de travail à adopter communément par l'ensemble des entrepreneurs et décideurs en charge des entreprises génératrices d'emplois et de richesses. Alexandro Parlatore, représentant de l'Onudi à Alger, pour qui «la formation est une étape nécessaire et incontournable» pour asseoir une stratégie managériale de qualité, s'est félicité de cette rencontre qui «démontre une préoccupation certaine de bien faire, ce, en dépit du retard enregistré», ajoutant que l'Algérie a mis en place des outils de travail sûrs qui demandent du temps pour aboutir à des résultats concrets. L'Algérie a des compétences pour vendre et la stratégie revient aux entrepreneurs eux-mêmes, et une mise à niveau de toute l'économie algérienne, et non seulement d'un secteur seul, est requise. «Un marché terrible existe bel et bien ; pour en disposer, il faut savoir prendre des initiatives, procéder à des recherches, mettre en place des idées de gestion », a-t-il dit, tout en soulignant que le ministère de l'Industrie a fait des pas louables dans ce sens. Dans son intéressante intervention, Parlatore a également indiqué que le Maghreb est une opportunité de marché immense au même titre que l'Europe et l'Amérique. Il estimera que l'Etat a un rôle prépondérant à jouer dans le contrôle du marché et de la normalisation invitant les entrepreneurs à «jouer le jeu». Le représentant de l'Ugta, Bensaci, a plaidé pour une action de l'Etat dans la détermination du rôle de chaque secteur en regrettant que «la privatisation a remplacé la stratégie industrielle». Au lieu de négocier avec l'OMC, a-t-il dit, on subit son «diktat». Il fera remarquer par ailleurs «l'absence de partenaires sociaux dans les opérations de privatisation».