La promotion de la PME apparaît, dans le contexte actuel, comme alternative à la relance de l'investissement et de la croissance, d'où la nécessité de l'inscrire dans une démarche prospective proposant la nouvelle reconfiguration de la PME dans le cadre de développement global et durable surtout. A la veille de l'élaboration de la stratégie industrielle, par le gouvernement, en collaboration avec les acteurs et opérateurs économiques, des questions pertinentes se posent. Les experts et responsables de ces petites unités qui constituent le tissu économique de demain, sont interpellés : pourquoi les dispositifs considérés comme attractifs n'ont pas abouti à un élargissement et une densification significatifs du tissu de la PME ? M. Zaïm Bensaci, réélu, pour un second mandat, président du Centre national consultatif pour la promotion des PME, invité d'une table ronde organisée par le forum hebdomadaire d'El Moudjahid, hier, a tenté d'apporter des réponses à ce sujet complexe en mettant particulièrement l'accent sur les projections de ladite stratégie industrielle. M. Bensaci considère que " la mise en chantier d'un projet de stratégie industrielle marque le retour de l'Etat dans son rôle de stratège et de grand ordonnateur du développement industriel national". Mais, il ajoute, "la préoccupation du CNC est que cette démarche puisse sauver les PME en difficulté contre la destruction de leurs capacités productives et de l'emploi et les mettre sur un sentier durable". La stratégie gagnerait, ainsi, à être formulée à partir de l'entreprise, alors que, l'Etat doit encourager l'émergence de "champions nationaux", des leaders d'industrie évoluant au même niveau de performances que les concurrents étrangers. L'invité d'El Moudjahid a aussi insisté sur le "patriotisme économique" qui doit retrouver réellement sa place à travers la défense des intérêts nationaux, comme les hauts responsables américains l'ont fait pour protéger l'industrie sidérurgique, et français pour sauver Danone… M. Bensaci, en dit de même concernant plusieurs aspects de ce dossier. Par des mots à peines voilés d'ailleurs, il invite et met en garde, à la fois, les pouvoirs publics et le gouvernement en particulier contre les omissions de quelques éléments importants tel que le rôle de l'intelligence économique, la préférence nationale, le rôle des investissement étrangers directs, IDE, etc. Par exemple, aux yeux de M. Bensaci, ce dernier devrait être considéré, dans la stratégie d'industrialisation, avec les incertitudes qui lui sont attachées. Il doit ainsi être sollicité pour contribuer au processus, sans pour autant, en être le moteur, parce que telle n'est pas sa fonction. Il faut savoir que notre pays dispose d'un tissu industriel constitué de 300 000 PME. Ce nombre devra évoluer à 600 000 ou 800 000 dans un futur très proche. M. Bensaci ne cache pas son insatisfaction : "300 000 PME c'est trop peu de choses pour un pays comme l'Algérie". L'Espagne en a 4 millions de ces PME, pour d'éventuels besoins de la comparaison. "C'est bien beau de rêver, mais il ne faut pas se fier à la théorie. Il faut tenir compte de toutes les réalités du terrain, et de connaître à fond les profondes préoccupations d'un gestionnaire d'entreprise", averti M. Bensaci. Les petites unités se heurtent à de nombreux obstacles. Elles fonctionnent dans un environnement général et économique qui change sous l'effet des réformes et du développement de la technologie. L'accès aux moyens de financent, à l'information, aux compétences, à la technologie et aux marchés pose toujours problème. Plus grave, selon M. Bensaci, les efforts et les dispositions prises par le gouvernement n'arrivent souvent pas aux PME, du fait, du manque de coordination. "Elles ne sont pas toutes adhérées à des associations professionnelles auxquelles elles n'y croient pas forcément", souligne l'invité du forum d'El Moudjahid. Et d'ajouter, qu'il faut pour remédier à ce problème, encourager la collaboration entre les PME, comme voie aboutissant à la constitution de fortes et grandes entreprises par des montages financiers.