Cela fait déjà trois années que la volonté divine a ravi, à notre affection un homme qui jouissait, auprès de tous d'un grand respect pour sa gentillesse, sa bienveillance et sa discrétion. Le défunt, que Dieu le bénisse, était réputé pour son humilité, sa modestie exceptionnelle et pour sa disponibilité auprès des nécessiteux, des malades et des enfants abandonnés. Il rendait visite aux cancéreux, aux enfants de la pouponnière… Il combattait, inlassablement, la souffrance des autres. Il intervenait, éventuellement, en personne auprès de ses confrères médecins-conseils de l'ex-Casoran, parmi lesquels ses anciens étudiants, afin d'obtenir leur accord pour les assurés sociaux nécessitant des soins spécialisés à l'étranger. Je peux en témoigner en toute objectivité en ma qualité d'ex-responsable régional de l'Action Sociale Sanitaire et Familiale au sein de l'ex-Casoral et ce, durant 37 années. C'est ainsi que j'ai eu le privilège voire l'honneur de connaître tous les médecins-chefs de service du CHUD et parmi lesquels, fatalement, le professeur Taleb Mourad lequel m'a beaucoup aidé à liquider, positivement, plusieurs dossiers médico-administratifs. Personne d'exception, connu pour son altruisme et son humanisme, le professeur Taleb Mourad que Dieu ait son âme, parlait peu. Mais, par contre, il savait écouter les autres pour les soulager. Je n'oublierai jamais ce qu'il me disait humblement : "Il faut faire au moins une bonne action par jour" car, précisait-il avec émotion qu'"il n'y aura d'autre demeure pour l'être humain après sa mort que celle qu'il aurait construite de son vivant". Cette conviction, en un mot musulman humaniste dans toutes ses dimensions. Lorsqu'on l'abordait dans la rue, avec son sourire particulier, il répondait modestement "El hamdou li Allah". Il n'était pas de ceux qui cherchent à s'enrichir. il n'a jamais demandé de lot de terrain, ni villa ou autres… Sa fortune était composée d'une voiture et d'un appartement modeste qu'il occupait depuis 1962 avec sa famille. Pourtant, il nous semble utile de signaler que le professeur Taleb Mourad n'était pas n'importe qui. Il a été, avec le professeur Boudraâ, un des premiers chirurgiens de l'Algérie indépendante. Il a été l'un des pionniers de la relance et du développement de la chirurgie générale au sein du Centre hospitalier universitaire d'Oran où il était médecin-chef au pavillon 14. Son amour professionnel le poussait à rendre visite à ses opérés, à n'importe quelle heure, de jour comme de nuit. En outre, il a occupé plusieurs postes de responsabilité : recteur à l'université d'Oran et de l'USTO et du centre de recherche d'Oran. Ses confrères et amis, le professeur Hacen Lazreg, premier recteur de l'université d'Es-Senia ainsi que l'éminent chirurgien, le professeur Boudraâ estimaient, lors des émouvantes obsèques du défunt, que Dieu le bénisse, à Aïn El-Beïda le 31 décembre 2003 que "c'est un monument de la chirurgie qui s'est écroulé". Mais le professeur Taleb Mourad, que Dieu le bénisse, malgré tous les avantages matériels qu'il aurait pu acquérir facilement, a préféré se construire une demeure à l'au-delà, au Paradis, près de son Dieu Tout-Puissant, comme il le souhaitait de son vivant. Nous estimons qu'il a amplement réalisé son désir. Monsieur le Professeur, reposez en paix, car il est précisé dans le Livre Saint, le Coran, vous concernant ainsi que vos semblables : "Oui, ceux qui craignent Dieu seront au milieu des ombrages, des sources et des fruits qu'ils désireront" ; "Mangez et buvez en paix, pour prix de vos œuvres, c'est ainsi que nous récompensons ceux qui font le bien…" ; "O toi âme apaisée ! retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée, entre donc avec mes serviteurs, entre dans mon Paradis !" (S. 89 - V.30). Quant à nous ainsi que vos très nombreux confrères et amis, sachez que vous serez toujours parmi nous, car "les grands hommes ne meurent jamais". "A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons".