Par Faouzia Belkichi Au pays du charme et de l'élégance, la courtoisie politique n'a pas de place dirait-on. Au moment où François Fillon faisait ses emplettes à Alger, en repartant avec un bon de commande "Historique", commente-t-on, Hortefeu, le Monsieur immigration de la France nous annonçait que ce pays d'accueil et de tradition d'asile renvoyait chez eux des milliers de "sans papiers" dont des centaines d'Algériens. Brice Hortefeu, ministre du gouvernement Fillon et disciple de Sarkozy, trimbale une certaine réputation en France. Surtout depuis qu'il a accepté d'être le premier ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale. Il faut dire qu'aux yeux de certains professionnels de la vigilance, créer un ministère de l'Immigration était déjà cédé à la lepénisation des esprits. Mais alors, lui accoler "l'identité nationale", là, ceux qui "s'y connaissent" voyaient assurément le retour de Vichy et de la milice.Il n'est pas toujours mauvais d'être un mal aimé. Impopulaire presque par vocation, il ne risquait pas d'advenir à ce ministre les mêmes mésaventures qu'à son maître politique, Nicolas Sarkozy : point de temps à perdre en vaine tentative de séduction du microcosme, il restait seulement à travailler pour mettre en œuvre la première politique d'immigration digne de ce nom. Pour y répondre, estime-t-on outre Méditerranée, une politique qui se substitue à l'aveuglement responsable de nombreux maux français : déficit des comptes publics, chômage, insécurité dans les banlieues, racisme, régression dans le relativisme culture. Or, ce que propose Hortefeu c'est une politique de l'immigration un peu à la tête du client, assortie d'une répression au faciès. Cette semaine, Hortefeu présentait dans une conférence de presse interminable (2 heures ! Même Sarkozy n'aurait pas osé), le premier bilan de sa politique qu'il définit en trois mots: Equilibre, fermeté et justice.Pour l'équilibre l'assistance fut heureuse d'entendre le ministre affirmer que l'immigration zéro n'était " ni possible ni souhaitable " et même que, pour peu qu'elle soit maîtrisée, elle pouvait être " un atout" pour la France. Oui vous avez bien lu et vous vous souvenez sans doute de la formule de Bernard Stasi " l'immigration, une chance pour la France " qui lui valut d'être vilipendé durant des années par le FN? On n'en est pas loin. Côté fermeté, on ne sera pas surpris de voir que les reconduites à la frontière sont en forte augmentation (+31% depuis juin 2007) et que le rythme s'accélère. Plus spectaculaire, celle des retours volontaires (+374% en un an), ce qui prouve que des perspectives reviennent dans les pays du Sud et que les aides sont donc plus incitatives. C'est une bonne nouvelle. De même on interpelle plus d'employeurs en fraude et de marchands de sommeil. L'immigration professionnelle ("choisie") se développe rapidement alors que les regroupements familiaux diminuent sous le coup des mesures dissuasives comme les tests de Français et peut-être les fameux tests ADN. Bref, on s'assure désormais avant d'autoriser le séjour d'un étranger qu'il jouira de conditions de vie décentes, comparables à celle de tout citoyen. C'est tout simplement une question de respect des droits de l'Homme. Justice, enfin, envers les étrangers en situation régulière et tous ceux qui respectent la loi. Hortefeu a avancé des chiffres qui font réfléchir. Ils ont l'air de convenir en tout cas aux pays d'origine de l'immigration, essentiellement en Afrique puisque le gouvernement français signe des dizaines d'accords avec eux et qu'une demi-douzaine d'ambassadeurs assistaient au show d'Hortefeu.