Le volet historique effleuré, celui de la circulation des personnes cajolé et le projet de l'Union pour la Méditerranéenne frôlé. Le problème du Sahara occidental n'a pas été du reste. C'est ce qui ressort des premiers entretiens qui ont eu lieu entre le chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem et le Premier ministre français François Fillon qui effectue depuis hier, pour deux jours, une visite dans notre pays. Lors d'une séance de travail qui a eu lieu au Palais du gouvernement, les deux responsables ont abordé légèrement les dossiers lourds qui lient les deux pays. Concernant l'UPM, qui a provoqué un grand tapage, le Premier ministre français prône le dialogue. «Il faut qu'une coopération efficiente soit engagée pour pouvoir régler les problèmes politiques», a dit le Premier ministre français, à son homologue Abdelaziz Belkhadem. M.Fillon voit en l'UPM un meilleur cadre pour «résoudre cette question». «L'Europe a pu régler ses problèmes dans le cadre de l'Union européenne», a-t-il affirmé. Et de s'interroger: «Comment arrive-t-on à résoudre une crise lorsqu'on ne parvient pas à en parler? Il faut s'engager dans une coopération efficace et équilibrée entre les deux rives.» Le Premier ministre français estime que le dialogue et la coopération constituent «l'esprit de l'UPM». M.Fillon en cherchant à désamorcer la méfiance des Algériens, veut convaincre Alger des bienfaits d'un organisme qui a encore tout à prouver. Cependant, François Fillon a éludé la question sahraouie qui bloque le processus d'intégration maghrébine, comme l'a déploré Abdelaziz Belkhadem. «Le processus d'intégration maghrébine est resté, hélas, l'otage du conflit du Sahara occidental», a déclaré M.Belkhadem. Et de souligner: «La responsabilité de la communauté internationale reste engagée sur ce dossier, en particulier celle des membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu, qui doivent jouer un rôle positif, impartial et équilibré pour permettre au peuple sahraoui de disposer librement de son destin». Il est patent que ce qui importe à la France, c'est d'accrocher le wagon algérien à la locomotive du projet de l'UPM initié par Paris. Mais Alger attend toujours les explications demandées à la France. Ces explications, M.Fillon va-t-il les fournir au Président Bouteflika qui le reçoit aujourd'hui en audience? C'est seulement après que l'Algérie exprimera sa position définitive sur la question. Pour les Français, le 13 juillet approche, et le temps presse. A propos de la circulation des personnes, l'Algérie a insisté sur la nécessité d'une «plus grande fluidité» avec la France et souhaité des investissements français «productifs» plus importants. «Les échanges multiformes entre l'Algérie et la France ne peuvent avoir tout leur sens s'ils sont amputés de leur dimension humaine», a déclaré le chef du gouvernement, M.Belkhadem. A cette question, M.Fillon a répondu que la France augmente de plus en plus l'octroi de visas aux ressortissants algériens. «Le nombre de visas octroyés par la France aux ressortissants algériens était de 50.000 en 1995, alors qu'en 2006 on a atteint 126.000 visas octroyés», a-t-il fait remarquer, sans annoncer aucune nouvelle mesure dans ce sens. Il promet diplomatiquement, sans donner aucun chiffre, «des perspectives d'augmentation». A propos de l'histoire, M.Fillon souligne que les questions d'histoire et de mémoire sont au coeur des relations bilatérales. Il estime que les deux pays «ont beaucoup progressé sur ces sujets». Il rappelle les déclarations du président français, Nicolas Sarkozy, sur le colonialisme, faites lors de sa visite d'Etat en Algérie, en novembre dernier, ainsi que les propos de l'ambassadeur de France à Alger, Bernard Bajolet, sur les massacres du 8 Mai 1945. «Nous allons mettre en place un groupe de travail pour faciliter l'accès des Algériens, notamment les chercheurs, aux archives françaises», a-t-il indiqué. A noter que lors de cette visite, l'Algérie et la France ont procédé à la signature, au Palais du gouvernement, de deux accords «historiques» sur le nucléaire civil et la défense et un mémorandum d'entente de coopération financière. «L'accord sur le nucléaire civil, le premier du genre (de la France) avec un pays de la région (du Maghreb), et celui sur la défense sont fondamentaux», a déclaré M.Fillon. Il est prévu dans ce cadre, a-t-il indiqué, la «création (en Algérie) d'un institut de génie nucléaire». S'agissant de la défense, M.Fillon parle d'un «moment historique» et d'un accord «majeur», car le premier de cette nature entre les deux pays, a estimé le Premier ministre français.