Photo : S. Zouheir Par Mekioussa Chekir Réélu à la faveur du 3ème congrès, qui vient de se tenir à Alger, pour un second mandat à la tête de son parti, le Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia ne compte pas présenter son propre programme à la suite de sa reconduction au sommet de l'Exécutif. C'est ce qu'il a fait savoir, vendredi dernier, lors de la conférence de presse animée à l'issue des travaux de ces assises. Rien de bien surprenant en fait dans cette déclaration si on considère que le nouveau locataire du Palais du gouvernement est chargé de poursuivre les chantiers entamés quelques années plus tôt, et que, pour cela, il dispose d'un temps relativement court. En effet, à moins d'un autre «remaniement» à ce niveau, Ahmed Ouyahia est tenu d'assumer ses nouvelles responsabilités dans un délai de 10 mois, les futures échéances électorales étant prévues pour avril 2009, soit dans moins d'une année. Dans ses différentes interventions durant les assises de son parti, le secrétaire général, qui a troqué la casquette de chef du gouvernement pour présenter une sorte de discours-programme, n'a pas manqué de dresser un bilan mitigé quant à la gestion de son prédécesseur des principaux chantiers socio-économiques du pays. S'il n'avait pas omis de relever avec «satisfaction l'ampleur et l'impact» des programmes publics d'investissements d'une valeur globale de 200 milliards de dollars, Ouyahia a tout aussi relevé l'impératif de prendre en charge les préoccupations des citoyens s'agissant de la dégradation de leur pouvoir d'achat, de l'emploi, du logement, de la sécurité… Sans mettre en relief ouvertement la responsabilité de Belkhadem s'agissant de la situation dont il a héritée, Ouyahia a imputé celle-ci à une «mauvaise harmonie» dans le processus de mise en œuvre du programme présidentiel. Dans la déclaration économique et sociale adoptée par les congressistes, le parti du chef du gouvernement a recensé une série de défis et d'enjeux à maîtriser en vue de redresser la situation sur les plans économique et social. En premier lieu, libérer le pays de sa dépendance totale envers les hydrocarbures en diversifiant les richesses économiques ; en procédant à la création «massive» d'emplois ; en intensifiant l'investissement ; en adaptant la gestion publique aux mutations en cours ; en réhabilitant le travail et la productivité ; en instaurant une justice sociale… Celui qui a eu à gérer ce portefeuille à deux reprises devra donc se remettre à nouveau à «éplucher» les dossiers en instance de démarrage ou de finalisation. Son agenda s'annonce d'ores et déjà chargé, précisément en raison de la multitude des priorités qui l'interpellent et du temps qui presse. Cela étant, Ouyahia a bien tenu à avertir que tous les programmes ne seront peut-être pas finalisés dans les délais impartis, l'essentiel étant qu'ils soient déjà mis sur rails. Hier, il devait présider son premier conseil de gouvernement alors qu'il a annoncé une rencontre, au courant de cette semaine, avec les responsables des banques «pour remettre de l'huile dans les rouages de la machine». Le projet de privatisation du Crédit Populaire d'Algérie (CPA), rappelons-le, figure parmi les dossiers en souffrance, en plus d'autres ajustements à effectuer pour la réussite de la réforme du secteur bancaire. En assurant vouloir «assumer moralement et constitutionnellement» ses prérogatives de chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia saura-t-il être, cette fois, le maillon manquant d'une gestion efficiente et optimale des ressources du pays ?