Par Hiba-Sérine A.K Gazprom qui tente de minimiser l'influence de l'OPEP dans le marché mondial de l'or noir, les Chakib Khelil, lui, annonçait un prix du baril entre 150 et 170 $ cet été, la riposte vient de . La flambée des prix pétroliers fragilise les marchés financiers. Le coup de chaud a été provoqué par des investissements fuyant les bourses au profit des matières premières. Le prix du baril a touché la barre des 142 dollars vendredi, bousculant les places financières. L'Opep est virtuellement incapable d'augmenter la production et de détendre le marché. Le moral des industriels et des consommateurs occidentaux est largement atteint. Le brut a atteint vendredi un nouveau record, dépassant la barre des 142 dollars le baril à New York comme à Londres. L'envolée de plus de 40 dollars le baril depuis le début de l'année affole toute la planète pétrole. D'autant plus que, ces dernières semaines, plusieurs analystes, et pas des moindres, ont affirmé que le sommet était atteint et que, dès lors, les cours devaient baisser. Dans sa dernière édition, Barron's, l'hebdomadaire financier de référence, titre sur "la bulle pétrolière" et prévoit le baril à 100 dollars d'ici à la fin 2008. La Réserve fédérale américaine ou encore les banques européennes sont sur la même ligne. Or c'est le contraire qui se produit. Les analystes ont expliqué ce dernier coup de chaud par des investissements fuyant les bourses au profit des matières premières. Avec pour résultat la dégringolade à Wall Street jeudi et en Asie vendredi. Les bourses européennes, après avoir commencé dans le rouge, ont repris des couleurs dans la journée de vendredi. "En réalité, nous ne savons plus ce qui se passe, avoue Conrad Gerber, patron de Petrologistics, un bureau d'informations spécialisé dans l'industrie pétrolière, basé à Genève. Nous pouvons retenir que 2008 est une année étrange. Les raisons traditionnelles - offre et demande, géopolitique, climat - ne suffisent plus pour expliquer la volatilité." Selon lui, l'incertitude est aussi totale par rapport à l'Iran, au Venezuela et au Nigeria, trois membres influents mais instables de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Ce cartel de 12 pays fournit 38% des besoins mondiaux. Crédibilité de l'OPEP Les cours ont été tout de même influencés par deux déclarations politiques. Choukri Ghanem, P-DG du groupe pétrolier public libyen National Oil, a menacé de réduire la production de son pays. Ensuite, le Russe Alexeï Miller, patron de Gazprom, a déclaré que son pays allait devenir la prochaine référence mondiale dans le domaine énergétique et que l'Opep n'avait virtuellement pas d'influence sur le prix du pétrole. La crédibilité de l'Opep est en effet en question. Pendant plusieurs semaines, elle a mis la flambée des prix sur le dos des spéculateurs. Elle vient d'appuyer son avis et ajoute que le marché est tendu à cause du déséquilibre entre l'offre et la demande. En attendant une éventuelle détente, le pétrole plus cher continue de miner l'économie mondiale. Aux Etats-Unis, le moral des ménages est tombé à son plus bas niveau depuis 1980. Dans la zone euro, l'indice de confiance, qui résume l'opinion des chefs d'entreprise et des consommateurs, a reculé en juin de 2,7 points, à 94,9 points, le plus bas niveau depuis mai 2005, dans un contexte marqué par la flambée des prix de l'énergie. Au Japon, l'inflation s'est accélérée pour atteindre son plus haut niveau en dix ans, à 1,5% sur un an. En Espagne, l'inflation a aussi atteint un niveau record de 5,1% en juin sur un an. La Grande-Bretagne et la France viennent les deux de réviser à la baisse leurs prévisions de croissance pour l'année. Pour Erasmo Rodriguez, analyste chez UBP à Genève, la situation ne peut pas se décanter à court terme. Selon lui, l'Arabie saoudite peut mettre rapidement 177 000 barils par jour sur le marché. Ce qui est insuffisant par rapport à la promesse faite dimanche d'augmenter sa production de 200 000 barils dès juillet. Le spécialiste d'UBP indique trois pistes pour mettre fin à la crise : la baisse de la consommation, l'ouverture des réserves pétrolières aux entreprises internationales et l'investissement dans de nouveaux projets. En Espagne, qui accueille le 19e Congrès mondial du pétrole dès aujourd'hui, le ministre de l'Industrie, Miguel Sebastian, a appelé à utiliser les renouvelables et les économies d'énergie comme des armes pour résister à la flambée des prix pétroliers.
Plus dure sera la chute ? Possible, mais pas certain A chaque dollar que prend le baril, c'est une heure de sommeil perdue pour les banquiers centraux. Naviguant à vue entre le risque du ralentissement économique et celui d'inflation, ils espéraient qu'une activité ralentie se traduirait par une demande moins forte de pétrole, donc une baisse de pression sur son prix. Pour des raisons que même les spécialistes peinent à expliquer, ce mécanisme ne joue pas, pour l'instant du moins. Du coup, les prévisions d'inflation optimistes faites récemment par la Réserve fédérale américaine pourraient se trouver assez rapidement démenties. Un retournement du marché pétrolier reste possible, c'est même le scénario le plus probable. Mais il faudrait que les prix descendent d'un bon bout pour calmer le début de surchauffe. Or ce n'est certainement pas l'avis de notre ministre de l'Energie et président de l'Opep, et des analystes de banques, qui eux anticipent un baril à 150 - 170 dollars. Même si les déclarations du patron de la russe Gazprom qui estimait que l'Opep ne maîtrise plus les prix, ceci, en somme, n'aurait aucune incidence sur le cours du pétrole, au grand désarroi des Occidentaux. Dans ces conditions, il est prudent que les Européens et les Américains ainsi que les Asiatiques se préparent à un baril durablement cher, avec des effets durables sur l'inflation.