La décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de réduire son offre de 1,5 million de barils par jour, n'a pas eu l'effet escompté. Le ministre de l'Energie et des Mines met en garde. «Si la situation économique mondiale continue à se détériorer, il est clair que la demande perçue par le marché va diminuer, donc il y aura une tendance à la baisse des prix du pétrole», a affirmé Chakib Khelil. Une chute des prix du baril de pétrole ne serait que néfaste à l'économie nationale dépendante des hydrocarbures, même si la manne financière est d'ores et déjà assurée. «L'année est terminée, on aura nos 80 milliards de dollars pour cette année. Même si on fait une moyenne de 70 dollars pour le reste de l'année, on a déjà fait une moyenne de 110 dollars jusqu'à récemment», affirmait récemment Chakib Khelil. Les prix du baril de pétrole poursuivront leur tendance baissière si la situation de l'économie mondiale ne s'améliore pas, a pronostiqué Chakib Khelil. S'exprimant hier sur les ondes de la Radio nationale, le président en exercice de l'Opep a admis que la baisse de 1,5 million de barils par jour, décidée le 24 octobre à Vienne, en Autriche, par les pays membres de l'Opep n'est pas entrée en vigueur. A en croire les déclarations du ministre algérien de l'Energie et des Mines, cela ne sera pas non plus pour demain. «Cette décision prendra beaucoup de temps pour se mettre en place parce que la marché n'a pas encore intégré la baisse de la production de l'Opep qui devait rentrer en application samedi dernier», a confié M.Chakib Khelil. Les mécanismes d'application de cette décision prise pourtant dans l'urgence pour tenter d'enrayer la chute brutale des cours des prix de l'or noir semblent, en toute apparence, ardus à mettre en branle. A moins qu'on ait tenté une opération d'ordre psychologique pour tester la réaction du marché pétrolier. «Plusieurs pays dont l'Algérie, les Emirats, l'Iran et le Nigéria ont annoncé la baisse de leur production. On attend que les autres membres de l'Opep informent leurs clients pour avoir une idée de l'impact provoqué par la décision, prise par l'organisation à Vienne, sur le marché», a tenu à préciser le président en exercice de l'organisation des pays exportateurs de pétrole. Que deviennent les 300.000 barils par jour en train de se faire retirer du marché? A sa sortie de la réunion extraordinaire de Vienne, Chakib Kheil avait annoncé que la baisse décidée par l'Opep n'était pas «seulement de 1,5 millions de barils par jour mais de 1,8 million de barils par jour d'ici la fin de l'année, car 300.000 barils par jour sont déjà en train d'être retirés du marché par les pays membres». Alors, coup de bluff ou bien indiscipline au sein du Cartel? Chakib Khelil avait écarté la seconde hypothèse avec assurance le 24 octobre. Le président de l'Opep avait déclaré ce jour- là que les pays membres de l'organisation soumis aux quotas allaient faire preuve de discipline et mettre en oeuvre la baisse décidée même si dans l'immédiat cela va se répercuter sur leurs revenus engendrés par leurs exportations en pétrole. Les dissensions sont pourtant apparues quant au volume de la baisse. «Les Faucons» de l'Opep (Venézuela, Iran, Libye...) auraient souhaité une réduction plus ample: 2 millions de barils par jour. «Les marchés prévoyaient 1 à 1,5 million de barils jour. Il aurait fallu une baisse plus importante pour provoquer un choc psychologique sur les marchés» avait souligné l'analyste en énergie Cornelia Meyer. Les marchés réagiront-ils aux récentes déclarations du président de l'Opep? L'avenir de l'économie mondiale et de celui du prix du baril de l'or pourrait se jouer à Washington, le 15 novembre prochain. Un sommet inédit (G20) des chefs d'Etat des pays émergents s'y tiendra avec la participation de l'Arabie Saoudite, chef de file des pays membres de l'Opep. Ils se pencheront sur la réforme d'un système financier à bout de souffle. Quant aux prix du pétrole, ils devront attendre deux à trois ans pour retrouver leur forme d'antan, selon M.Khelil. «Nous pouvons affirmer qu'à long terme, dans les deux ou trois ans, les prix du pétrole vont remonter», a conclu le ministre de l'Energie et des Mines.