Par Faouzia Belkichi La vitalité des peuples se mesure à la capacité de l'opinion publique à ne pas se plier à ce qu'elle considère comme nuisible à ses intérêts. Dans les régimes démocratiques, les gouvernements se trouvent obligés de répondre aux voix de leurs peuples sans recourir à la police, à l'armée ou à toute autre forme de répression. Il s'est avéré que la société civile peut avoir une force de pression influente dans la révision des décisions insensées. Ailleurs, nous avons vu comment le peuple irlandais a pu secouer l'Union européenne. Il a surpris 26 pays en refusant le traité de Lisbonne que la bureaucratie européenne croyait être capable d'appliquer au début de l'année prochaine. Cette crise est extrêmement dangereuse. Elle peut anéantir l'Union européenne, car le traité de Lisbonne stipule qu'il doit être ratifié à l'unanimité par les 27 pays membres de l'Union européenne. 18 pays ont déjà accepté le traité et attendent la ratification de leurs Parlements. Par contre, la Constitution irlandaise stipule qu'il doit être accepté et attesté par un référendum populaire. Dans ce cas, le refus irlandais peut mener à l'effondrement de la confiance en cette entité colossale. Ce refus peut aussi retarder les plans d'expansion et la réalisation du rêve européen. L'Union européenne se trouve aujourd'hui face à deux choix. Le premier est soutenu par la France et l'Allemagne. Il prône l'idée de ne pas retarder la voie de l'union et d'aller de l'avant dans l'exécution du traité de Lisbonne. Fait qui peut mener à l'isolement de l'Irlande et à l'ébranlement du principe de la démocratie. Quant au deuxième, il consiste en la nécessité d'accorder un délai à l'Irlande pour surmonter les causes qui ont mené au refus du peuple irlandais du traité. C'est ce second choix qui a, dernièrement, pris le dessus. Les analystes ne se sont pas mis d'accord sur les raisons du refus irlandais. En effet, l'Irlande a fort bénéficié de l'Union européenne et a obtenu un soutien de 40 milliards d'euros en 3 décennies. Mais l'opposition est représentée par un fort courant d'agriculteurs, de pêcheurs et d'ouvriers. Ils accusent la bureaucratie européenne de Bruxelles de ne pas faire cas des pressions économiques que subissent ces tranches à cause de la hausse des prix et de la concurrence des émigrés et des ressortissants de l'Europe de l'Est. La question qui nous importe ici en Algérie et dans les pays arabes qui sont invités à se joindre à l'Union méditerranéenne est : A quel point cette défaite européenne influencera-t-elle le projet auquel aspirent l'Union européenne et certains pays arabes ? Nous trouvons-nous face à une entité européenne qui commence à connaître des aspects de faiblesse et de démantèlement ? Toutes ces questions nous obligent à revoir nos principes avant d'en prendre à l'égard de l'Union méditerranéenne, surtout que nous ne connaissons rien de la vertu des référendums populaires et que chaque dirigeant arabe n'en fait qu'à sa tête !