Par Hiba-Sérine A.K De l'avis général en Algérie, le pétrole constitue une ressource sûre et durable pour des décennies encore. Du ministre de l'Energie et des mines aux experts en passant par le P.DG de la Sonatrach, tous sont unanimes que l'or noir a encore de beaux jours devant lui. Cependant, d'autres voix s'élèvent et prédisent un avenir de courte échéance au pétrole et incertain. Ce qui n'est pas tout à fait faux. Le cours du baril obéit à un environnement financier capricieux et très sensible aux évènements planétaires. Ce qui laisse entendre que les prix peuvent s'effondrer du jour au lendemain sans crier gare. De l'autre côté l'Occident s'agite pour trouver des solutions à la cherté du pétrole : Recherche de nouvelles sources d'énergie constitue le nouveau défi que s'est assignée en priorité l'Europe. En ce sens que l'Algérie devrait elle aussi s'intéresser aux énergies alternatives, de sa richesse en ressources naturelles non fossiles et donc non périssables. Par ailleurs, l'économie de l'énergie est aussi une source de revenus importante qui se manifeste dans l'efficience énergétique. Voilà de nouveaux thèmes à débattre en Algérie.Pour un simple observateur, les énergies alternatives apparaissent comme la solution à privilégier pour satisfaire la demande énergétique mondiale et réduire les incertitudes liées aux réserves tout en protégeant notre environnement. Alors que les prix du pétrole et du gaz battent tous les records, la politique énergétique est au cœur des débats économiques et politiques dans le monde entier. Les discussions se concentrent d'une part sur les énergies alternatives telles que le solaire et l'éolien, et d'autre part sur les biocarburants soumis à controverse. Bien que très importantes, les sources d'énergie renouvelable ne représentent aujourd'hui que 0,5% de la production énergétique mondiale. Et les pronostics ne plaident pas en faveur d'une évolution rapide puisque d'ici 50 ans, l'approvisionnement énergétique de l'Europe devrait continuer à dépendre majoritairement des combustibles fossiles. Par ailleurs, environ 80% de l'énergie se perd entre le stade de la production et celui de la consommation. Dans ce contexte, les solutions orientées sur l'efficience énergétique paraissent recéler un potentiel extrêmement intéressant. L'efficience énergétique est un sujet vaste et complexe. Dans l'optique d'une réduction de la consommation d'énergie, nous nous intéresserons à deux solutions qui n'occupent pas encore le devant de la scène. La plus connue est sans doute l'efficacité énergétique, un concept qui définit le rapport entre "l'output" et "l'input" énergétique: le premier correspond à la quantité d'énergie générée par le processus d'extraction, le second à la quantité d'énergie qui parvient jusqu'au consommateur. L'objectif d'efficacité énergétique est atteint lorsqu'un input énergétique moindre permet d'obtenir une performance identique. La deuxième solution est baptisée "négawatt". Ce concept désigne la "production d'énergie virtuelle", ou le fait de tirer parti des progrès réalisés dans le domaine de l'efficience énergétique dans le but d'accroître les ressources énergétiques disponibles plutôt que d'augmenter la capacité des centrales qui produisent de l'énergie. En d'autres termes, les négawatts sont de l'énergie non utilisée. Une description plus détaillée des sous-secteurs qui composent la chaîne de valeur énergétique permet de mieux comprendre l'immense potentiel de l'efficience énergétique. En amont de la chaîne d'approvisionnement en énergie, les progrès réalisés dans le domaine de l'extraction portent notamment sur la production et le transport d'énergie primaire. Les entreprises actives à cette étape fournissent des services et des technologies pour extraire et transporter l'énergie de manière plus efficace. La société Wellstream fabrique ainsi des conduites flexibles pour accroître le taux de production d'énergie marémotrice, ce qui permet de réduire les pertes liées aux opérations de transvasement. A ce stade, l'amélioration de la productivité énergétique peut également s'appuyer sur des systèmes de pompage plus efficaces qui réduisent les pertes d'énergie lors du transport sur plusieurs milliers de kilomètres. Représenté par la production, le transport et la distribution d'électricité, le deuxième sous-secteur de la chaîne de valeur énergétique englobe la transformation de l'énergie en électricité et son transport depuis la centrale électrique jusqu'à la prise de courant. Après plusieurs années de sous-investissements dans le réseau électrique, notamment aux Etats-Unis, l'infrastructure est aujourd'hui obsolète et doit être rénovée pour réduire les pertes occasionnées durant le transport. Le troisième sous-secteur, probablement le plus visible, recouvre toutes les économies d'énergie qui peuvent être réalisées une fois que l'électricité est livrée sur le lieu de consommation final. Power Integrations, leader mondial des circuits intégrés utilisés dans la conversion d'énergie pour les appareils électroniques (ordinateurs portables, téléphones mobiles, etc.) fournit des solutions efficientes du point de vue énergétique pour réduire la consommation finale et le courant en mode veille, qui représente environ 10% de la consommation d'électricité des ménages. En combinaison avec les sources d'énergie alternatives, l'efficience énergétique est donc un thème d'investissement attrayant qui offre à la fois des perspectives de croissance élevées et des fondamentaux solides. La sensibilisation du grand public aux questions environnementales et la hausse des prix de l'énergie viennent également soutenir cette tendance. Dans cette optique, associer les fournisseurs de sources d'énergie renouvelable en pleine croissance et les prestataires établis dans le secteur de l'efficience énergétique permet de constituer un thème d'investissement bien diversifié à long terme. Les entreprises et les pouvoirs publics du monde entier commencent à traduire les opportunités offertes par l'efficience énergétique en termes de bénéfices substantiels, de votes, d'amélioration de l'environnement, de hausse de la production et de meilleure qualité de vie. De nombreuses initiatives ont déjà été mises en œuvre pour réduire la consommation d'énergie: l'Union européenne a ainsi introduit un label obligatoire pour les principaux biens de consommation durables tels que les réfrigérateurs, les machines à laver et les voitures. Dans un autre domaine, certains prestataires de services énergétiques aident les entreprises et les particuliers à réduire leurs factures d'énergie. Dans ce contexte, les progrès réalisés sur le plan de l'efficacité énergétique ainsi que les négawatts contribueront de plus en plus à réduire le déséquilibre entre l'explosion de la demande énergétique mondiale et les limites en termes d'approvisionnement.