Hier, les dirigeants des huit grandes puissances du G8 se sont retrouvés à Tokyo dans un sommet dont l'ordre du jour comporte une série de sujets brûlants ; la flambée du pétrole et des prix alimentaires, le changement climatique, le des produits développement et l'Afrique, la situation au Zimbabwe et en Corée du Nord. Le G8 aura également à discuter de la réponse de l'Iran, donnée la semaine dernière mais pas encore rendue publique, à une proposition des six grandes puissances d'une offre de coopération en échange d'une suspension de son programme d'enrichissement d'uranium. Ce sommet de Tokyo met en présence les dirigeants des huit grandes puissances du G8 : Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon et Russie, face à sept chefs d'Etats africains invités à une session spéciale de ce sommet dont l'Algérie, le Sénégal, l'Afrique du Sud, et le Nigeria. Les leaders africains, qui parlent le même langage, mettront le G8 face à ses engagements de doubler son aide à l'Afrique. Au sommet de Gleneagles (Ecosse) tenu en 2005, les huit grandes puissances siégeant au G8 avaient promis d'augmenter cette aide de plus de 25 milliards de dollars d'ici 2010 pour la porter à 50 milliards par an. La tendance, parmi les dirigeants africains présents à Tokyo, est de dépasser les débats théoriques et parvenir à de véritables engagements politiques. En effet, après une période d'émulation et de forte mobilisation citoyenne et associative, force est de constater le trop peu d'avancée des revendications portées par les militants et les leaders africains. Loin du tournant promis, Gleneagles restera, en un certain sens, le sommet du désenchantement. Il n'y a qu'à prendre la question de la dette pour s'en rendre compte. Après une acceptation in extremis du Japon, les huit puissants se sont mis d'accord pour augmenter l'aide aux pays en voie de développement de 50 milliards de dollars en plus de l'aide déjà existante. L'aide passera ainsi graduellement de 0,56 % du PNB en 2010 à 0,7 % en 2015. Concrètement cela signifie que l'aide atteindra 130 milliards de dollars par an d'ici 2010, soit 0,36 % du PNB, c'est-à-dire le même niveau qu'en 1987. La pleine réalisation des Objectifs du Millénaire, telle que l'ONU la prévoit, nécessite une aide de 180 milliards d'euros annuellement, ce qui équivaut à 0,51 % du PNB. La question de la dette des pays africains telle que jugée actuellement par le G8, laisse à penser qu'on est en présence de mesures insatisfaisantes, car jusqu'à présent, seul un accord est mis en exécution à savoir l'effacement de la dette de 18 pays les plus pauvres envers les institutions financières internationales mais pas envers les créanciers privés. Le continent africain correspond-il encore à une réalité économique homogène ? Certains auteurs et experts internationaux tendent à démontrer le contraire lorsqu'ils déclarent que la situation et l'évolution économiques de certains Etats devraient être analysées en d'autres termes que ceux qui étaient précédemment employés par le G8 pour caractériser les relations économiques entre Etats industriels et pays en voie de développement. Le développement économique de l'Afrique est depuis des décennies au centre des discussions qui se sont déroulées aux Nations unies et au G8. Ce processus qui pouvait apparaître comme un nouveau débat Nord-Sud, n'a surtout pas permis d'instaurer des négociations au sujet de dossiers importants pour lesquels les pays africains ont des revendications précises. En effet, en cette année 2008, la " stratégie du développement " pour la décennie à venir les Objectifs du Millénaire, doit être définie pour l'Afrique qui attend toujours l'aide du Nord. Et cela explique que, les mesures pour atteindre les Objectifs du Millénaire sont bien insuffisantes. Quand on sait que ceux-ci ne proposent qu'une réduction de moitié de la pauvreté mondiale, le commun des humains, est en droit de s'interroger sur la légitimité et la capacité des pays membres du G8 à s'occuper de problèmes essentiels particulièrement dans le continent africain. Dans cet esprit, les analystes rappellent qu'il n'est qu'à rappeler les 1.000 milliards de dollars dépensés annuellement et en constante augmentation pour les dépenses militaires. Toujours est-il qu'avec les mesures qui ont été prises à Gleneagles, en 2010, un enfant mourra non plus toutes les trois secondes mais toutes les trois secondes et demie ! Aujourd'hui, il s'agit pour l'Afrique de revendiquer cette aide et de discuter sur certains points fondamentaux qui permettraient de préciser les " moyens " du développement ; il s'agit des négociations globales, notion nouvelle dans le cadre des Nations unies et qui constitue un élément de progrès pour la communauté internationale, en particulier pour sa grande majorité, à savoir les pays du tiers monde. Les débats relatifs à la stratégie du développement de l'Afrique suscitent un intérêt relatif, car, après les résultats fort peu encourageants obtenus ces dernières années, les pessimistes pensent que la phase actuelle obtiendra des résultats similaires, compte tenu de la conjoncture économique internationale. Mais une question fondamentale pour le développement concerne la priorité des objectifs pour les économies africaines. Les besoins essentiels alimentaires, sanitaires, éducatifs…, doivent être bien évidemment couverts en priorité, mais certaines positions émanant des pays membres du G8 laissent à penser que la mise en avant de ces priorités sert à masquer et à retarder la mise en cause des processus d'échanges internationaux. Or, les pays africains y aspirent de plus en plus afin que le financement ou l'aide des besoins essentiels soit couvert par le développement économique, développement qui passe par la maîtrise agricole et industrielle et le soutien des revenus des exportations et ce, en dépassant les débats théoriques sur le développement ; la présence des chefs d'Etat au sommet de Tokyo, devrait permettre de parvenir à de réels engagements politiques de la part des huit grandes puissances du G8, qui pourraient faire véritablement progresser le développement des nations.