Des tentatives visent «à trouver une solution à la détérioration de la situation politique» au Zimbabwe. Le Zimbabwe cherchait hier à faire de la place en prison pour les auteurs de violences politiques, renouvelées à l'approche du second tour de l'élection présidentielle, tandis que l'Afrique du Sud relançait sa médiation entre le pouvoir et l'opposition. Le ministre de la Justice, Patrick Chinamasa, a proposé d'amnistier certains prisonniers pour réduire la population carcérale. «Nous reconnaissons que les cas de violences politiques sont à la hausse et nous voulons prendre des mesures pour les enrayer», a-t-il déclaré au quotidien d'Etat The Herald. Les procureurs ont reçu pour instruction de juger au plus vite les suspects d'attaques politiques et de ne pas les remettre en liberté sous caution, a-t-il également confirmé. Cette politique, rendue publique la veille, avait immédiatement suscité l'inquiétude du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition), qui craint qu'il ne s'agisse d'une manoeuvre pour mettre ses partisans à l'écart. Le MDC assure qu'une soixantaine de ses militants ont été assassinés et des centaines interpellés depuis les élections générales du 29 mars, perdues par le régime du président Robert Mugabe. Hier, le parti a de nouveau accusé l'Union nationale africaine du Zimbabwe - Front patriotique (Zanu-PF, au pouvoir) de mener une campagne d'intimidation et de représailles orchestrée. «Nous sommes témoins d'une vague perturbante de violences coordonnées, qui implique des incendies criminels, des agressions, des enlèvements, des meurtres», a déclaré Nelson Chamisa, porte-parole du MDC. «Les cibles sont principalement des membres-clés du MDC, nos partisans et les agents électoraux», a-t-il ajouté en accusant «des voyous de la Zanu-PF» d'avoir attaqué, dans la matinée, la maison d'un sénateur d'opposition. Dans ce contexte, l'Afrique du Sud a organisé, fin mai, des discussions à Pretoria avec des représentants du MDC et de la Zanu-PF, a rapporté hier le quotidien sud-africain Business Day. Une nouvelle rencontre visant «à trouver une solution à la détérioration de la situation politique dans ce pays» est prévue cette semaine, a ajouté le journal. Les discussions ont notamment porté sur les moyens d'éviter le second tour de la présidentielle, prévu le 27 juin, que les deux partis redoutent, selon l'auteur de l'article. «Une option évoquée est celle d'un gouvernement d'union nationale comme au Kenya avec le président Robert Mugabe en chef d'Etat et le leader du MDC, Morgan Tsvangirai, en Premier ministre», ajoute-t-il. Le porte-parole de la présidence sud-africaine, Mukoni Ratshitenga, a confirmé que des discussions avaient eu lieu sans donner de détails. «Je peux juste dire que le président est le médiateur et qu'il va faire tout ce qui est humainement possible pour assurer le succès de la médiation», a-t-il indiqué. Le président Thabo Mbeki, apôtre d'une «diplomatie discrète» au Zimbabwe, avait été chargé en mars par ses pairs d'Afrique australe de servir de médiateur entre les deux camps. Le MDC le considère trop conciliant envers le président Mugabe et a demandé son remplacement. Cependant, selon le Business Day, le MDC a dépêché deux représentants aux discussions à Pretoria: le secrétaire général du parti, Tendai Biti, et son trésorier adjoint, Elton Mangoma. La Zanu-PF était représentée par Patrick Chinamasa et le ministre des Affaires sociales, Nicholas Goche, indique le journal. Nelson Chamisa a toutefois nié ces rencontres et assuré qu'«aucun gouvernement d'union nationale n'était en jeu». «Il ne peut pas y avoir de négociations quand il y a des violences», a-t-il expliqué. Par ailleurs, le Conseil de sécurité de l'ONU doit évoquer demain la situation humanitaire au Zimbabwe, selon des diplomates à New York.