Le débat sur la création d'un fonds souverain en Algérie continue d'animer moult polémiques. Nous assistons, en effet, à un véritable jeu de questions-réponses entre les défenseurs de cette option et ses détracteurs. Un débat qui prend plus d'importance à mesure que les réserves de change, induites par la hausse des revenus pétroliers, prennent de l'importance. C'est dans ce contexte que M. Noureddine Legheliel, analyste financier, travaillant pour le compte de la banque suédoise Axtrum Och Qviberg, a voulu apporter sa contribution au débat et lever le voile sur certaines questions qui n'ont pas été, selon lui, bien saisies, du moins sur le plan technique. Celui-ci estime, d'ailleurs, que les arguments présentés par le ministre des Finances pour écarter de fait l'option de la création d'un fonds souverain en Algérie pour gérer les réserves de change n'étaient pas suffisants. Il estime que ses arguments qui ont insisté sur la notion de risque, ne sont basés que sur des généralités et non pas sur une étude approfondie du sujet. M. Legheliel estime qu'il ne serait pas judicieux de prendre comme pierre d'achoppement la crise financière internationale actuelle générée par les crédits hypothécaires pour insinuer que des crises de ce genre font déprécier les actifs d'un fonds souverain. Selon lui, "les crises financières obéissent à un cycle qui se répètent dans un intervalle de temps (15-25 ans), mais ces crises sont éphémères et leur durée ne dépasse pas deux ans". Il estime que "dans un fonds souverain, on constitue des portefeuilles composés d'actifs généralement, les actions cotées en Bourse des entreprises de différentes branches, or il a été prouvé empiriquement que l'investissement dans les actions demeure le meilleur parmi les investissements dans d'autres actifs financiers ". Il citera dans ce contexte l'étude M. Roger Ibboston, professeur de finance à l'université de Yale, lequel a étudié les performances annuelles de différentes classes d'actifs financiers américains de 1926-2001. Il en ressort qu'en cette période de 75 ans, il s'est produit 3 crash boursiers (1929, 1987 et 2000) et une dizaine de crises financières. Or, le rendement annuel moyen des actions des grandes sociétés était de 12,4 %, celui des actions des petites sociétés était de 17,5 %, des obligations à long termes des sociétés privées était à 5,7 % et des bons du Trésor (ce que la banque d'Algérie détient) était de 3,8 %. M. Legheliel évoque également une étude similaire sur les actions européennes faite par les professeurs Mehra et Siegle qui démontrent que le rendement annuel en moyenne des actions du marché français de 1993-1998 était de l'ordre de 9,2 % et des actions du marché allemand était de 9,9 %. M. Legheliel conclut donc que le placement de 40 % des réserves de change sur le long terme avec un rendement annuel de 15 % pourrait rapporter à l'Algérie, sur une période de 20 ans, 315 milliards de dollars. Il estime donc que la "politique d'investissement dans les bons de Trésor américain appliquée par la Banque d'Algérie est stérile et dépourvue de sens de réflexion et d'innovation". L'analyste financier se dira aussi étonné de la déclaration du ministre lorsqu'il dit que "la Banque d'Algérie gère les réserves et assure leurs liquidités de telle sorte à avoir la possibilité de les récupérer à tout moment". Il estimera, dans ce contexte, que lorsqu'on vend des actions sur les grandes places boursières, le montant de cette transaction boursière est transféré à la seconde même et qu'on peut le récupérer au bout de trois journées ouvrables.Pour l'analyste financier on peut gérer les risques des actifs d'un ou des portefeuilles contenus dans un fonds souverain et qu'avec la création d'un fonds souverain notre pays se protégerait contre une éventuelle chute des cours du prix du pétrole. Pour lui, ceci s'explique par le fait que les cours des valeurs boursières sont négativement corrélées avec les cours du prix du baril. Pour lui, la création d'un fonds souverain relève d'une question de savoir-faire et d'expertise et surtout de flaire, car les marchés financiers ne sont aucunement rationnels. Il estime également que les placements ne sont aucunement liés à des placements spéculatif mais, il s'agit d'investissements. Il prône également la diversification du portefeuille avec des placements dans des pays émergents afin d'éviter le risque politique.