Le débat sur les fonds souverains revient au devant de la scène. Nombreux ont été les experts, et ils le sont encore, qui encouragent la création d'un fonds souverain en Algérie. La réponse du ministre des Finances a été des plus claires. Economiquement parlant, cela n'est pas une solution idoine. En fait, cette question relève de la polémique de la gestion des 110 milliards de dollars de réserves de change dont dispose l'Algérie. Beaucoup de voix se sont élevées il y a quelques mois contre le placement de ces réserves en bons du Trésor américain à cause, notamment, de la dévaluation du dollar et du fait que ces placements ne pouvaient en aucun cas apporter des dividendes importants. Certains experts sont même allés plus loin, en préconisant la création d'un fonds souverain pour rentabiliser cette manne financière. La réponse de la Banque d'Algérie ne s'est pas fait attendre. A l'époque, M. Mohamed Laksaci avait estimé que le placement des réserves de change en bons du Trésor américain constituait un placement sûr et sans risque. Aujourd'hui, l'on revient à la charge pour plaider la cause de la création d'un fonds souverain. Lachemi Siagh a appelé, lors du 4e FIF d'Alger, à lancer à son tour un fonds souverain : "Si un fonds souverain algérien existait, aujourd'hui il achèterait 10% de Société Générale et le savoir-faire bancaire de cette banque serait diffusé en Algérie autrement que par la cession de banques algériennes". Brahim Gacem estime, pour sa part, que les fonds souverains servent à pouvoir investir sur des projets stratégiques. Oui, pourquoi pas. Il existe des opportunités actuellement qui sont intéressantes. La réponse du ministre des Finances a été catégorique. M. Karim Djoudi a estimé que les fonds souverains ne représentaient pas une "réponse positive" qui permettrait une meilleure gestion des réserves de change. Ses arguments : un fonds souverain s'accompagne d'''éléments de risques''. La crise des subprimes a révélé pour lui des cas édifiants de la gestion de cette nouvelle finance. La crise financière internationale générée par les crédits hypothécaires à haut risque (subprimes) a touché directement ou indirectement les groupes bancaires internationaux, alors que "les fonds souverains s'orientent généralement vers des actifs à risques élevés". Le ministre a ajouté que la création éventuelle d'un fonds souverain en Algérie nécessite "une décision économique dont il faut évaluer l'opportunité", en ajoutant que les risques auxquels font face ces fonds ''doivent être appréciés" minutieusement. Question, les fonds souverains sont-ils craints ? C'est le cas dans bien des pays dits avancés. Mais cette crainte est alimentée par des raisons plus politico-économiques plutôt qu'un doute sur leur rentabilité ou des risques qu'ils présentent. Les derniers rapports du FMI et de l'OCDE ne sont que le pâle reflet d'un certain protectionnisme résurgent en Occident. Cela ne peut concerner l'Algérie. Il n'y a qu'à voir les flux d'investissements étrangers provenant notamment des pays arabes, dont essentiellement les pays du Golfe, pour investir leurs immenses recettes pétrolières. La véritable problématique qui se pose dans notre pays n'est pas tant comment placer nos réserves de change que ce soit dans des bons du Trésor américain ou en les investissant dans un fonds souverain. La problématique se pose en termes de croissance de développement et d'investissement dont notre économie a besoin. Serait-on à ce point perplexes par rapport à l'usage que nous devons faire de nos ressources ?