L'Algérie n'a pas encore les capacités nécessaires pour créer un fonds souverain. Cette affirmation n'est pas celle du ministre des Finances, mais émane bien du ministre de l'Energie et des Mines. M. Chakib Khelil a affirmé, hier, en marge de la conférence de présentation de la 4e semaine de l'énergie que les ressources financières du pays sont, aujourd'hui, allouées à un programme et dans un seul objectif : assurer le développement économique du pays. Dans ce sens, le ministre reviendra sur ses récentes déclarations à la chaîne de télévision française France 24, indiquant que l'Algérie peut toujours penser à créer un fonds souverain dans 4 ou 5 ans à condition d'en avoir les capacités. Et d'ajouter que l'Algérie ne peut en aucun cas être comparée aux pays du Golfe qui cherchent à investir à l'étranger car leurs opportunités d'investissement à l'interne sont saturées. Bien au contraire, selon lui, l'Algérie a encore besoin d'investissements pour garantir la pérennité de son économie ; elle a besoin d'infrastructures et c'est à cela que les ressources du pays sont allouées pour l'instant. Pour rappel, M. Chakib Khelil avait indiqué dans un entretien à France 24 que l'Algérie a «'des possibilités d'investissements extraordinaires en Algérie, estimant qu'il est fort possible que dans quatre à cinq ans, l'Algérie aura la possibilité de créer un fonds souverain pour des activités à l'extérieur de l'Algérie». Aussi, la question des fonds souverains est sujette à débat depuis déjà quelques mois en Algérie. Plusieurs experts financiers se sont prononcés en faveur de la création d'un fonds souverain alimenté par les réserves de change record dont dispose le pays. Certains experts sont même allés plus loin, en préconisant la création d'un fonds souverain pour rentabiliser les réserves de change induites par les recettes pétrolières. L'ancien ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, a estimé que 20% desdites réserves de change suffiraient pour le lancement d'un fonds d'investissement souverain, soit près de 25 milliards de dollars. Cette option permettra de fructifier et d'optimiser l'utilisation de la cagnotte drainée ces dernières années par l'embellie financière due à l'appréciation des cours du pétrole sur le marché international, d'investir dans le marché interne et accompagner Sonatrach dans son internationalisation. Néanmoins, toute cette ferveur à défendre la création d'un fonds souverain en Algérie ne semble pas avoir fait bouger d'un iota les convictions les autorités financières du pays. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, avait déclaré en mai dernier que le fonds souverain n'était pas un moyen qui permettrait systématiquement de mieux gérer les réserves de change car il s'accompagne aussi d'''éléments de risques". A ce propos, il avait expliqué que la crise financière internationale générée par les crédits hypothécaires à haut risque (subprimes), a touché directement ou indirectement les groupes bancaires internationaux, alors que "les fonds souverains s'orientent généralement vers des actifs à risques élevés". L'argentier du pays avait estimé que la création éventuelle d'un fonds souverain en Algérie nécessiterait "une décision économique dont il faut évaluer l'opportunité", en ajoutant que les risques auxquels font face ces fonds ''doivent être appréciés" minutieusement.