La création d'un fonds souverain commence à faire son chemin en Algérie. L'idée avait été exclue il y a quelques semaines par le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui estimait qu'une telle opération n'était pas opportune dans le contexte actuel de crise financière mondiale qui a touché de nombreux fonds souverains. Un autre représentant du gouvernement, en l'occurrence le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a remis l'option de la création d'un fonds souverain sur le tapis en soulignant que l'Algérie pourrait se doter d'un organisme pareil dans 4 ou 5 ans pour financer des activités à l'extérieur du pays. M. Khelil qui s'exprimait hier dans un entretien à la chaîne de télévision France 24 repris par l'APS, a qualifié d'« option valable » la mise en place d'un fonds souverain algérien. Le ministre a laissé entendre toutefois qu'une telle mesure n'était pas une priorité pour le gouvernement algérien. « L'Algérie n'est pas comme les pays du Golfe, car elle va avoir besoin de toutes ses ressources pour les investir à l'intérieur du pays », a-t-il nuancé. Avant d'enchaîner : « Nous avons des possibilités d'investissements extraordinaires en Algérie. Nous avons un programme de 150 milliards de dollars d'investissements (ndlr : programmes de soutien à la relance économique et programmes complémentaires du Sud et des Hauts-Plateaux). Nous pensons que nous allons avoir besoin de toutes ces ressources à l'intérieur du pays. » Mais si une telle décision n'est pas à l'ordre du jour de l'Etat algérien dans l'immédiat, il se pourrait qu'elle soit mise en œuvre à l'horizon 2012, c'est-à-dire dans une autre conjoncture, si l'on tient compte des propos du ministre. « Il est fort possible que, dans quatre, cinq ans, nous aurons peut-être des possibilités de création de fonds souverains pour des activités à l'extérieur de l'Algérie », a-t-il signifié. Pour lui, la mise en place d'un fonds souverain est un travail de longue haleine qui repose sur plusieurs paramètres dont il faut tenir compte. « C'est une idée à laquelle il faut bien réfléchir, car il faut avoir les moyens, les ressources humaines et faire éventuellement des partenariats pour essayer de décider où et comment investir, si on doit le faire à l'extérieur », a-t-il fait valoir. Le ministre rejoint ainsi Lachemi Siagh, consultant et expert international en finances, qui avait relevé il y a quelques jours dans un entretien publié dans le numéro 156 du supplément Economie d'El Watan que la création d'un fonds souverain nécessitait la disponibilité de certains moyens que l'Algérie ne possédait pas. Elle « devra nécessairement faire appel à l'aide extérieure afin de former l'expertise algérienne et gérer avec elle, dans un premier temps, ledit fonds souverain de développement », avait-il expliqué. Il avait imputé les hésitations de l'Etat algérien à franchir le pas à une « logique de gestion très prudente » adoptée par la Banque d'Algérie qui se base sur deux facteurs, à savoir la liquidité et la sécurité des actifs. « Actuellement, la Banque d'Algérie effectue des placements en bons de Trésor américains et en différentes devises. Ce sont des placements sûrs, mais dont le rendement est faible, à savoir de 1 à 3%. C'est en somme, un choix de sécurité et de liquidité », a-t-il dit en substance. Cet expert préconise que « le pays se dote d'un fonds souverain de développement, orienté à 75% sur l'Algérie et à 25% sur l'extérieur ». « L'Algérie peut créer un tel instrument de gestion – un fonds – auquel elle aura à affecter quelque 3 à 4% de ses réserves », avait-il ajouté.