L'auteur de la célébrissime musique du film «L'inspecteur Tahar» de Moussa Haddad est décédé le 24 juillet dernier dans son domicile sur les hauteurs d'Alger au Golf des suites d'une longue maladie.Très peu pour ne pas dire rares sont les médias qui ont fait cas de la disparition d'un artiste dont le nom fut dès le début des années 60 intimement lié à toute la production télévisuelle ou cinématographique qui cassait avec un certain héroïsme en vogue alors, après l'indépendance. Est-ce ainsi que les artistes meurent ou est-ce une forme d'expression artistique plus honorifique que d'autres ? Qui est artiste et qui ne l'est pas ? Alors que le décès dimanche dernier du cinéaste égyptien Youssef Chahine, a fait la Une de toute la presse nationale en plus de la télé qui a diffusé une longue interview du réalisateur accompagnée d'extraits de ses films, la mort de l'un des compositeurs algériens qui a pu puiser dans l'âme de tous les films d'après-guerre pour leur créer cette rythmique harmonieuse qui leur rajoute du sens, est passée inaperçue.Ahmed Malek s'était retiré de l'arène artistique dés le début des années 2000 et en 2006 l'artiste à qui l'on décernait le Fennec d'or pour l'ensemble de son oeuvre n'a pu savourer cet hommage combien glorifiant pour un artiste qui a œuvré sans fioritures ni faux-fuyants. Dans plusieurs films algériens coule encore la sueur de Ahmed Malek. Des films, dramatiques sociaux ou encore comme le fameux « Les vacances de l'Inspecteur Tahar » (1975) de Moussa Haddad , « Omar Gatlato » (1976) et « L'homme qui regardait par les fenêtres » (1982) de Merzak Allouache, « Les Aventures d'un héros » (1977), « Zone interdite» (1974), « Les Enfants de Novembre » de Moussa Haddad (1975) et Barrières (Al-Hajiz)de Ahmed Lallem, Algérie (1977) etc.. Autant de films qui n'étaient pas faits selon les carcans propagandistes qui glorifiaient la révolution, mais exploraient d'autres registres qui démontraient une certaine fougue chez les jeunes cinéastes algériens qui avaient appris soit dans le tas soit au VGIG de Moscou les rudiments du cinéma. Ahmed Malek était connu aussi pour avoir composé pour des émissions de télévision, des documentaires et surtout pour sa production prolifique de musique de films. Il s'est également intéressé à l'utilisation des technologies nouvelles dans la musique (MAO, synthèse...). Il participait annuellement à des festivals à Cuba. Présent à Alger pour présenter son film Aziza, le mois de juin dernier, le fameux réalisateur tunisien, Lotfi Benameur, avait avoué à un confrére que «Ahmed Malek a été d'un grand apport pour traduire la trame filmique. J'ai travaillé avec lui au début des années 1980...».Ahmed Malek a également signé d'autres œuvres comme le feuilleton Zina de Bachir Belhadj (1978) diffusé dans plusieurs pays arabes, le long-métrage de Jean-Pierre Lledo, l'Empire des rêves sorti en 2003 et pour le compte de la télévision notamment, Le Voyage de Chouiter de Rahim. Qu'il repose en paix et que sa musique résonne encore dans les cœurs !