Entre misère culturelle et velléités de mieux faire, l'année aura été marquée par la disparition d'artistes et quelques polémiques. Cette année, l'Algérie aura connu le retour des grands chanteurs qui ont marqué la génération des années 70 avec leurs artistes engagés à l'image de Marcel Khalifa, mais aussi beaucoup de poésies à l'honneur, avec Pierre Bachelet et Georges Moustaki et ce, grâce à l'établissement Arts et Culture. Cela dénote, si besoin est, le grand engouement du public algérien assoiffé, nostalgique même de ces années de paix et de faste. Ce même public, dont la mémoire populaire a vibré ce Ramadan avec le feuilleton Le Joueur. En revanche, le feuilleton algéro-syrien Fadhma N'soumer n'a pas suscité l'engouement escompté. Son auteur Azzedine Mihoubi a plutôt été accusé d'avoir donné une fausse image de cette héroïne. Des polémiques, il y en a eu cette année à la pelle, pour ne citer que deux exemples: au mois de juillet dernier, des professionnels et amis du patrimoine s'insurgent quant à la dégradation présumée du théâtre où se produit le Festival de Timgad. Ces derniers auront peut-être gain de cause, puisque l'annonce de Khalida Toumi a été formelle, à compter de l'année prochaine, le festival se déroulera en dehors de l'enceinte du théâtre. Réalisé par Rachid Benallal, le film consacré au barde errant, le poète maudit Si M'hend U Mhend a opposé comme une malédiction, le producteur Lyazid-Khodja au scénariste Younès Adli. Triste situation du cinéma en Algérie mais où viendra pointer une lueur d'espoir avec la création du Centre national du cinéma algérien (Cna) à sa tête, un certain Nouredine Ouméziane, lui-même remis en question par ses pairs. L'année 2004 aura connu la disparition de plusieurs artistes, dont Djamel Fezzaz terrassé à 53 ans à la suite d'une longue maladie. Auteur de plusieurs feuilletons-télé à succès, il nous a quittés le 17 juillet dernier. Avant lui, Maâti Bachir, l'homme aux lunettes noires et au luth à la main, auteur-compositeur prolixe décède à Paris le 7 janvier. Connu sous le sobriquet de l'Apprenti, Yahia Benmabrouk, rejoindra l'inspecteur Tahar un 9 octobre après plusieurs mois de souffrance. La disparition de Muhend U Yahia, de son vrai nom Mohya Abdallah fait perdre à la culture algérienne d'expression berbère, un homme de talent exceptionnel, car il était un auteur de génie, un révolté-né. Mais la vie continue et le temps passe inexorablement marqué même par des «étoiles» éclair qui ont fait notamment, danser les Algériens cet été, à l'image de Réda Taliani, qui a explosé avec sa Joséphine ou la déferlante raï n'bfever qui a inondé les ondes. Entre misère culturelle ou velléités de mieux faire, certains se distingueront outre-mer comme Sidi Ali Kouiret qui a reçu le prix du meilleur interprète masculin au Festival d'Amiens pour son rôle phare dans Les suspects, adapté du livre Les Vigiles de Tahar Djaout, dont le réalisateur Kamel Dahan a raflé lui aussi le prix du meilleur réalisateur. Saïd Ould Khelifa s'est lui aussi distingué par son film Thé d'Ania au Festival de Bruxelles. Takfarinas nous est revenu le 2 novembre dernier avec 4 albums et non des moindres sortis chez Izem Production. Un vrai régal de sons métissés. L'écrivain Yasmina Khadra reçoit le polar francophone pour La Part du mort, paru aux éditions Julliard en mars 2004, tandis que s'achèvera fin juillet le tournage du film Morituri, réalisé par Okacha Touita d'après un scénario condensé de ses trois romans : Morituri, Double blanc et L'automne aux chimères.