Jusqu'au 11 juillet dernier, tout paraissait pousser le pétrole vers les sommets. Les "experts" le voyaient à 180 voire 200 dollars. La spéculation jouait à la hausse. Ce jour-là, le baril franchit les 147 dollars. Deux semaines plus tard, il a perdu 15 %. Et le président de l'Opep, M. Chakib Khelil, dit : "Si le dollar se renforce, si la crise avec l'Iran s'apaise, la tendance des prix devrait aller vers les 70-80 dollars le baril". La moitié du prix atteint début juillet ! Outre le dollar, la crise du nucléaire iranien continue donc de peser lourd sur les cours du pétrole sur les marchés mondiaux. La semaine dernière les cours se sont reflués dans le sillage de la participation des Etats-Unis, pour la première fois le 19 juillet à Genève, aux discussions sur le nucléaire iranien. Mais ce n'était que partie remise. En effet, les prix du pétrole sont repartis à la hausse vendredi dans le sillage des propos des Etats-Unis déclarant attendre une réponse de l'Iran ce week-end sur son programme nucléaire. A Londres, le baril de Brent pour livraison en septembre prenait 1,04 dollar à 125,02 dollars par rapport à la clôture de jeudi soir. A New York, le baril de "light sweet crude" pour livraison en septembre gagnait 1,53 dollar à 125,61 dollars. Le pétrole, qui évoluait autour de 123 dollars à la mi-journée a bondi à 128,60 dollars, alors qu'il avait clôturé à 124,08 dollars à New York. Cette hausse de vendredi a également été provoqué par Israël qui a exprimé de nouvelles préoccupation sur le programme nucléaire iranien. Le vice-Premier ministre israélien Shaul Mofaz, a estimé que le programme nucléaire d'Iran pourrait avoir une "percée majeure" et que son pays devrait "se préparer à toute option". Mieux encore, le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a demandé aux Etats-Unis de ne pas renoncer à l'option militaire contre l'Iran pour son programme nucléaire lors d'une rencontre, lundi, avec son homologue américain Robert Gates. Les activités nucléaires iraniennes sont l'une des grandes "préoccupations" du président George W. Bush et ont crispé les relations au point de faire redouter une issue militaire. M. Bush a toujours refusé d'exclure le recours à la force contre l'Iran. Même si, aujourd'hui, rien ne plaide pour un tel scénario, l'épisode des essais de missiles iraniens dont un Shahab-3 de portée suffisante pour atteindre Tel-Aviv, avait fait redouter aux investisseurs une attaque de l'armée israélienne contre l'Iran. L'Iran, quatrième producteur mondial de brut et deuxième exportateur au sein de l'Opep après l'Arabie saoudite, avait affirmé qu'il bloquerait le détroit d'Ormuz, où transitent 40% du pétrole mondial, en cas de conflit armé. "Si quelque chose devait arriver, il est impossible de remplacer la production de l'Iran", avait averti M. Chakib Khelil, président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Le délai qui a été imparti à l'Iran devait s'achever, mathématiquement, hier (samedi). "Evoquer une date-butoir n'a pas de sens pour nous", a cependant déclaré jeudi le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, expliquant que son pays avait déjà répondu.