La nouvelle n'est pas du tout réjouissante pour les pays de l'OPEP : le prix du pétrole s'est enfoncé ce week-end sous la barre des 50 dollars. C'est le plus bas niveau depuis près de quatre ans. Sur le marché new-yorkais, les cours du light sweet crude sont passés jeudi sous les 50 dollars quelques minutes après l'ouverture des échanges américains, tombant jusqu'à 48,64 dollars, un des plus bas niveaux depuis mai 2005, et finissant à 49,62 dollars. Peu avant, le cours du brent échangé sur la place londonienne avait déjà franchi cette barre, s'enfonçant même jusqu'à 47,82 dollars. L'OPEP a de quoi s'inquiéter après que le baril soit retombé de ses records jamais égalés, frôlant en juillet dernier les 150 dollars. Le baril de pétrole a touché le seuil de 147,50 dollars à Londres en juillet 2008, son record de tous les temps. Mais le prix a été divisé par trois en cinq mois seulement. C'est une crise pour les pays exportateurs de pétrole qui comptent se réunir en catastrophe le 19 du mois en cours au Caire. L'OPEP qui se permettait jusqu'ici des demi-mesures n'a plus le droit aux mauvais calculs. La baisse de la production, de 1,5 million de barils par jour, décidée lors de sa dernière réunion, le 24 octobre, n'a eu manifestement aucun effet. Ce nouveau choc sur le marché énergétique a été provoqué surtout par les ventes d'investisseurs en manque de liquidités, effrayés, semble-t-il, par l'impact de la crise économique mondiale sur la demande. Mais en toile de fond, figure, d'après les experts, une combinaison de trois grands facteurs. Il s'agit de la cherté du baril qui a refroidi les ardeurs des consommateurs, du ralentissement économique mondial et de la crise financière qui a entraîné un retrait massif des acteurs spéculatifs. La semaine dernière, un rapport hebdomadaire du département américain de l'Energie a ravivé les inquiétudes sur la demande, faisant croire qu'une nouvelle baisse de la consommation est attendue pour les semaines à venir. Les experts sont allés jusqu'à dire que ni les craintes sur l'offre – prenant en compte une probable réduction de l'offre de l'OPEP – ni la baisse du dollar, monnaie avec laquelle s'échange le pétrole, ne parvenaient à freiner l'effondrement des cours. Désormais, les regards seront rivés sur la réunion du Caire, en attendant celle d'Oran programmée pour le 17 décembre prochain. Le ministre de l'Energie et des Mines et président en exercice de l'OPEP, Chakib Khelil, a affirmé hier, depuis Tunis, que d'importantes décisions seront probablement prises lors de la réunion d'Oran afin de stabiliser le marché pétrolier. Pour lui, « il ne faut pas voir ces prix-là en fonction des 140 dollars atteints en 2008 et qui sont exceptionnels et dus à la spéculation, mais beaucoup plus à travers la fourchette des 50-60 dollars dans laquelle ils ont évolué entre 2000 et 2007 ». En d'autres termes, ces prix ne sont donc pas en dehors de la fourchette de cette période de référence, a expliqué Chakib Khelil. La situation actuelle est caractérisée surtout, d'après lui, par la chute importante de la demande, mais aussi par des réserves « qui sont très élevées ». Selon le ministre, repris par l'APS, l'OPEP ne peut pas stabiliser le marché avec la même décision prise récemment. Le président en exercice de l'OPEP fait allusion à la décision de réduire la production de 1,5 million de barils/jour. Celle-ci n'a pas encore eu d'effet sur le marché. Mais le ministre insiste à nouveau sur le fait qu'il faille attendre un à deux mois pour que son impact soit perceptible. En attendant, le pétrole rebondissait hier légèrement en début d'échanges européens. Dans le début de l'après-midi d'hier, le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 49,21 dollars, tandis que le prix du baril de light sweet crude, coté sur le marché new-yorkais Nymex, s'échangeait à 50,27 dollars.