La Russie ne veut pas de guerre avec la Géorgie et s'efforce simplement de restaurer l'ordre en vigueur en Ossétie du Sud avant l'escalade du conflit cette semaine, a déclaré le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov. Interrogé samedi sur le fait de savoir si Moscou préparait une véritable guerre avec la Géorgie, M. Lavrov a répondu par la négative. Ajoutant : «même si le président géorgien Mikheïl Saakachvili ne cesse de répéter que nous voulons amputer une partie du territoire géorgien».Le ministre russe a accusé la Géorgie d'exagérer la menace posée par la Russie en affirmant que Moscou avait des ambitions territoriales sur d'autres territoires de l'ex-URSS.La Russie, qui soutient le gouvernement séparatiste d'Ossétie du Sud, y a envoyé des chars d'assaut et des troupes, vendredi, en réponse à une offensive géorgienne pour rétablir l'ordre dans la province. En effet, l'armée russe a annoncé, samedi, avoir repoussé les forces géorgiennes hors de la capitale d'Ossétie du Sud. Moscou entend rétablir la situation qui prévalait avant l'offensive de vendredi. Les autorités russes affirment que la Géorgie avait violé un accord de paix qui avait été convenu, il y a un an et demi, et selon lequel la Géorgie s'engageait à ne pas utiliser la force dans le conflit d'Ossétie du Sud. «Nous ne pouvons permettre que l'accord de paix soit violé de cette façon (…), nous ferons tout ce qu'il faut pour ramener le status quo anté», c'est-à-dire rétablir la situation qui prévalait avant l'escalade du conflit, a encore déclaré le diplomate russe.Les autorités russes ont annoncé que le bilan des combats s'élevait à 1 500 morts et que 30 000 réfugiés d'Ossétie du Sud avaient gagné la Russie lors des dernières 36 heures. Tbilissi est accusé d'être entièrement responsable de l'escalade du conflit et que les attaques de la Géorgie contre l'Ossétie du Sud étaient menées en connivence avec certains membres du Conseil de sécurité. Moscou, dénonce une catastrophe humaine qui est en cours. Le président russe Dmitri Medvedev a déploré samedi à Moscou la «catastrophe humanitaire» en Ossétie du Sud, confrontée à un regain de violences avec Tbilissi, et a exigé d'en punir les auteurs. «Les auteurs de cette catastrophe humanitaire devraient en assumer la responsabilité, y compris dans le cadre du droit international». Notre objectif est de gérer les conséquences de cette catastrophe humanitaire. Le chef de l'Etat russe a chargé le ministère des Situations d'urgence, le ministre de la Santé et du Développement social et le Service fédéral des migrations de faire le nécessaire pour accorder une assistance humaniste à la population civile d'Ossétie du Sud.«Face à l'agression déchaînée par la Géorgie contre la population civile d'Ossétie du Sud et les casques bleus russes, il y a énormément de problèmes humanitaires dont nous devrons nous occuper, en vertu de notre mandat (de médiateur) et puisque c'est tout simplement notre devoir», a-t-il affirmé.L'ambassadeur de Russie aux Nations unies, Vitaly Tchourkine, n'a pas ménagé aussi ses propos. Il a dénoncé des opérations de «nettoyage ethnique» pratiquées selon lui dans les villages, et a rappelé que de nombreux Russes vivaient dans la petite république séparatiste, indépendante de facto de Tbilissi depuis l'effondrement de l'URSS en 1991 et soutenue par Moscou.Le président géorgien Mikhaïl Saakachvili, qui a organisé un nettoyage ethnique en Ossétie du Sud, est un criminel de guerre, a déclaré pour sa part l'ambassadeur russe. «Saakachvili a organisé des nettoyages ethniques en décidant d'anéantir des milliers de personnes. Saakachvili est un criminel de guerre, aucun doute là-dessus», a estimé le diplomate russe.L'Ossétie du Sud est une petite vallée parsemée de villages, placée dans un cul-de-sac au pied du Caucase, et compte 70 000 habitants. Vendredi, tandis que le monde entier avait les yeux fixés sur les ballets grandioses des JO de Pékin, des nouvelles arrivaient du Caucase troublé : celle du coup de sang des Géorgiens contre les Ossètes et de la reprise, manu militari, du contrôle de l'enclave séparatiste par Tbilissi. Accusant la Géorgie d'avoir tué des membres de la force de la paix russe présente sur le terrain, la Russie a annoncé son intention de maintenir la paix dans cette vallée. Dans ce contexte, l'adjoint au chef d'Etat-major général des forces armées russes, le colonel général Anatoli Nagovitsyne, a déclaré que «toutes les unités de la 58e armée qui sont arrivées à Tskhinvali y ont été dépêchées pour appuyer le bataillon de paix qui avait essuyé des pertes importantes suite aux tirs effectués par l'armée géorgienne contre ses positions».