Il faudrait enrichir l'uranium pour produire de l'énergie, mais, il faudrait enrichir l'uranium en poussant le taux d'enrichissement plus loin pour fabriquer l'arme nucléaire. Dans un langage plus simple, la différence en termes d'acquisition des capacités de production d'énergie à des fins civiles ou militaires est donc une question de seuil d'enrichissement. Enrichir soi-même l'uranium et sur son propre territoire est un des attributs de la souveraineté nationale, car cela confère une autonomie en matière de production d'énergie électrique à partir du nucléaire. Ce n'est pas parce que l'Iran ou un quelconque autre pays possède des gisements de pétrole et de gaz qu'il devrait faire l'économie de l'investissement dans l'énergie nucléaire, sachant bien que le pic pétrolier approche inéluctablement.Renoncer à la maîtrise du processus de production de l'énergie nucléaire à des fins civiles reviendrait à renoncer à l'autonomie en matière de production d'énergie à partir du nucléaire.Renoncer à l'enrichissement de l'uranium sur son propre territoire reviendrait d'une certaine façon à accepter de dépendre des grandes puissances nucléaires avec les conséquences que cela implique.L'Iran est dans son droit de ne pas renoncer à enrichir lui-même l'uranium et sur son propre territoire et tout le monde sait, car il est de notoriété publique, que l'article V du TNP (Traité de non-prolifération) autorise tout pays membre à maîtriser tout le processus de production d'énergie à partir du nucléaire mais à des fins civiles. Pourquoi alors l'Iran est-il interdit de l'enrichissement de l'uranium et que deux seules propositions lui sont faites pour qu'il puisse accéder au droit à la production d'énergie à partir du nucléaire ? La première proposition consiste en l'enrichissement de l'uranium pour l'Iran sur le sol russe. Refus de l'Iran de cette proposition. La deuxième proposition consiste en la fourniture par l'Union européenne de la matière première, c'est-à-dire de l'uranium enrichi puis de la récupération de l'uranium irradié après son usage. Refus de l'Iran. Certainement que le cas de l'Iran sera généralisé à l'ensemble des pays qui ne sont pas des puissances nucléaires et certainement que les puissances nucléaires auront à exercer le monopole sur la production d'énergie nucléaire à des fins civiles et pourront même se constituer en une sorte d'Opep nucléaire. Le comble est que les pays producteurs de pétrole dépendront, dans ces conditions, des pays qui sont des puissances nucléaires, avec les implications politiques que cela entend.