Quatrième producteur mondial d'équipements militaires, Israël est devenu l'un des trois principaux fournisseurs d'armes de la Géorgie. Outre les drones - dont un exemplaire a été abattu il y a quatre mois par l'armée russe - l'industrie militaire israélienne a livré des lance-roquettes et de l'appareillage électronique destiné à améliorer les performances des chasseurs-bombardiers Sukhoï et des hélicoptères Scorpion géorgiens. «Provocation» vue de Moscou Il y a environ un an, le ministre géorgien de la Défense - qui a vécu un temps en Israël avant de retourner dans son pays - a envisagé de commander des chars Merkava, le nec plus ultra de la production militaire de l'Etat hébreu, mais l'administration américaine s'est opposée à ce marché qui aurait été considéré comme une «provocation» par Moscou. Mais Washington a laissé faire lorsqu'Israël a livré des milliers de fusils mitrailleurs Tabor, ainsi que des missiles sol-air et air-air à l'armée géorgienne. En 2007, plusieurs ex-officiers supérieurs de Tsahal - l'armée israélienne - ont aussi été recrutés comme «conseillers» de leurs collègues géorgiens. Les plus connus sont le général Israël Ziv et le lieutenant colonel Gal Hirsh. Le premier a notamment commandé les opérations militaires dans la bande de Gaza lorsqu'elle était occupée par Israël. Le second était chargé des opérations dans la région de Ramallah au début de la deuxième Intifada. Il avait placé des chars dans l'enceinte de la colonie de Psagot surplombant Ramallah et ordonné qu'ils ouvrent le feu plusieurs fois par jour. Promu le long de la frontière libanaise, il commandait les troupes lorsque deux soldats israéliens ont été enlevés par le Hezbollah en juillet 2006. Ses maigres performances durant la deuxième guerre du Liban l'ont poussé à la démission. Quelques heures après le déclenchement du conflit entre la Russie et la Géorgie, les autorités israéliennes ont enjoint à ces ex-généraux de se faire discrets. Par ailleurs, la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, a proposé à Ehoud Olmert et à son collègue de la Défense, Ehoud Barak, de geler les contrats de livraison d'armement en cours. Rubis sur l'ongle «Israël marche sur des œufs», explique le chroniqueur militaire Allon Ben David Harel dans la presse américaine ce samedi. «Certes, ces ventes d'armes représentent un apport budgétaire en devises fortes, d'autant plus appréciable que la Géorgie paie rubis sur l'ongle. Mais la Russie dispose de moyens de pression sur Israël. Elle pourrait par exemple renforcer sa collaboration militaire avec l'Iran ou vendre des armes plus sophistiquées à la Syrie, en sachant très bien qu'une partie se retrouvera dans les entrepôts du Hezbollah. Cette perspective donne des sueurs froides à nos dirigeants qui cherchent à se sortir du bourbier géorgien sans vexer Tbilissi et sans donner l'impression de plier devant les ukases de Moscou.» Cette position ne saurait soustraire l'Etat hébreux de l'influence américaine. Nul n'ignore qu'Israël est la pièce maîtresse de la stratégie américaine au Moyen-Orient et en Asie.