L'Etat juif est devenu le cinquième exportateur mondial d'armement derrière les états-Unis, la Grande-Bretagne, Russie et la France. La crise mondiale n'affecte nullement ce marché, au contraire. L'industrie militaire israélienne, qui emploie plus de 40 000 personnes, a exporté en 2008 pour 7 milliards de dollars de matériel ! Israël propose tous les types d'armes à l'exception des avions et des hélicoptères, en raison du veto américain. Les Etats-Unis ne tenaient pas à ce que les 3 milliards de dollars offerts annuellement servent à financer un concurrent direct à leurs industries aéronautiques. Israël avait tenté de forcer l'interdiction avec le Lavi, un avion d'interception, un mixte du Mirage français et du F16 américain, mais il a dû vite abandonner, sous la pression de Washington. Son prototype rebaptisé Technologie Demonstrator, sert à la formation de pilotes et aux essais de systèmes et de radars, dont il est leader. Israël a, par contre, développé la filière chars profitant de ses différentes guerres dans son voisinage qui ont constitué un laboratoire de tests réels pour ses industries militaires. C'est ainsi qu'après la guerre du Liban de 2006, qui a révélé la faible performance de ses tanks Merkava face aux missiles russes “Kornet” portés sur l'épaule des militants Hezbollah, ses ingénieurs ont conçu un système d'isolation sous forme de cloche virtuelle électronique, le système “Trophy” que l'armée américaine a exploité en Irak et aujourd'hui en Afghanistan. La guerre du Liban a entraîné comme autre conséquence la conception par Industries militaires d'Israël (IMI) de son premier missile sol-sol Delilah dont la portée de 250 km est suffisante pour atteindre Damas ou Beyrouth, ainsi que des missiles de longue portée à tirer depuis un sous-marin. Ces derniers ont été utilisés fin 2008, début 2009 dans l'offensive contre Gaza. Ce missile qui peut être lancé depuis le sol, les mers et les airs, a intéressé plusieurs pays européens et asiatiques et certains ont déjà signé des contrats d'achat. L'IMI a également annoncé avoir mis au point un système d'interception capable de détruire les roquettes de courte portée. Le système “Iron Dome” utilise des missiles téléguidés capables de détecter et de détruire en vol les roquettes lancés d'une distance allant de 5 à 70 kilomètres. Les villes frontalières d'Israël seront protégées par ce système au courant de l'année 2010. Pour les missiles de longues portées, Israël développe avec les Américains son missile antimissile Hetz pour intercepter et détruire un missile balistique du type Shihab iranien. L'institut Rafael et le Centre pour la recherche spatiale d'Israël développent un prototype plus puissant, Barak. New-Delhi a signé avec Israël un contrat de 1,4 milliard de dollars pour la fourniture de radars et de missiles Barak-8 afin de déjouer les attaques aériennes et protéger sa marine et ses côtes. Talon d'Achille d'Israël, la marine est en plein innovation. Le pays s'est passé des patrouilleurs français (Cherbourg), il fabrique dans ses usines de Haïfa ses propres navires d'attaque de 4e génération, Reshef dont 9 exemplaires ont été commandés par l'Afrique du Sud. Ce boom des ventes israéliennes inquiète la France, 4e marchand d'armes bientôt coiffé au poteau, tant et si bien que ses armuriers exigent une meilleure collaboration avec l'industrie de guerre de l'Etat juif. C'est d'autant plus possible, soulignent-ils, que la proximité de Nicolas Sarkozy avec Peres et Netanyahu a ouvert une nouvelle ère dans les relations franco-israéliennes. EADS est concurrencé non seulement sur le marché indien, mais aussi sur tous les marchés européens, Italie et Espagne compris, qui ont décidé de moderniser leurs capacités navales et aéronavales. D. Bouatta