Le président de la République Islamique d'Iran, Mahmoud Ahmedinedjad, fera une escale technique aujourd'hui à Alger, selon les services de communication de la Présidence. Une escale qui pourrait être interprétée comme une occasion pour l'Iran de continuer son activité diplomatique à la recherche de soutien pour sa stratégie nucléaire face au refus et menaces américaines enregistrés dans le dernier discours du président américain en révélant sa nouvelle stratégie en Irak. Ce déplacement intervient dans un contexte marqué par une pression accrue sur l'Iran, notamment de la part de Washington pour le ramener à cesser ses activités d'enrichissement de l'uranium. Selon des observateurs, elle ressemble, à bien des égards, à une nouvelle sollicitation d'Alger pour une médiation. Le chef de l'Etat iranien aura probablement des entretiens avec le président Bouteflika et également, le chef du gouvernement et le ministre des Affaires étrangères, M. Abdelaziz Belkhadem et Mohamed Bejaoui. En dehors d'un soutien sur la question nucléaire, les deux chefs d'Etat auront l'occasion de discuter de la coopération bilatérale et du renforcement du partenariat, surtout dans les domaines du pétrole et de l'industrie. Il sera également question, selon des observateurs, des questions internationales et régionales et en particulier la situation actuelle en Irak. Pour le volet relatif au nucléaire, il serait utile de rappeler que l'Algérie a abrité la semaine dernière, la conférence régionale africaine sur l'énergie nucléaire pour une contribution à la paix et au développement durable et au cours de laquelle les participants et le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika ont plaidé pour l'utilisation du nucléaire à des fins pacifiques. Ce qui vient à point nommé pour confirmer le droit de l'Iran à utiliser l'atome dans un programme civil. En effet, les animateurs de cette conférence qu'ils soient politiques, diplomates, chercheurs, experts ou universitaires ont revendiqué ce même droit en brandissant les mêmes armes légales à l'exemple de l'article IV du Traité de non-prolifération nucléaire. Il faut rappeler que la recherche du soutien de l'Algérie n'est pas une première, puisque Ali Laridjani, le secrétaire général du Conseil suprême de la sécurité nationale d'Iran, avait effectué une visite à Alger le 12 juin de l'année dernière dans le même cadre. Autant Téhéran cultive une méfiance maladive à l'égard des Etats-Unis, autant elle accorde une totale confiance aux autorités algériennes. Confiance qui remonte à une longue histoire faite de médiations, de bons offices et de services rendus depuis l'époque du schah jusqu'à aujourd'hui. C'est dans ce sens que cette visite n'est pas une première du genre. De l'autre côté, les Etats-Unis sont redevables envers l'Algérie depuis la libération des otages de son ambassade à Téhéran, fait qui a changé complètement l'image d'Alger aux yeux des Américains. Relations que résume parfaitement M. Laridjani en les qualifiant de "r elations d'amitié stratégiques solides". Relations qui ont évolué surtout dans des contextes de crise ayant nécessité la médiation d'Alger. Le poids du secret est donc plus important, d'autant que le nouveau régime perçu comme extrémiste et fondamentaliste, et soutenant les mouvements islamistes, n'a pas manqué d'avoir des "conflits", que ce soit avec son voisinage ou avec l'Occident. L'Algérie, ayant des relations remontant à l'époque de la guerre de Libération nationale avec des pays de la région, notamment l'Irak, a vite fait de "renvoyer l'ascenseur" en participant activement à l'opération de bornage des frontières entre l'Iran et l'Irak en 1975. Geste qui va inaugurer une nouvelle ère diplomatique entre Alger et toute la région. Les relations entre Alger et Téhéran deviennent tendues jusqu'à la rupture dans les années 1990, années du terrorisme. La tension se dissipe lors de la rencontre entre Bouteflika et Khatami qui renouent des relations d'un genre particulier dans l'histoire de la diplomatie. Les échanges vont s'intensifier à tous les niveaux, culturel, commercial, politique... jusqu'à la nouvelle crise, celle du nucléaire. Le président Bouteflika défendra le droit du Sud à disposer de la technologie nucléaire civile, position qui conforte l'Iran, mais aussi Washington qui voit en l'Algérie "un allié œuvrant pour la paix et les solutions négociées". Aux Américains qui affichent "publiquement" leur amitié stratégique avec l'Algérie, l'Iran révèle une démonstration de taille dans ses options diplomatiques.