Le président zambien Levy Mwanawasa, au pouvoir depuis 2002, est mort mardi à l'âge de 59 ans à Paris où il avait été hospitalisé après une attaque cérébrale fin juin. Loué pour sa politique de lutte contre la pauvreté et la corruption, le chef de l'Etat zambien était l'une des rares voix dans la région à avoir critiqué son homologue zimbabwéen Robert Mugabe et son décès pourrait déstabiliser l'équilibre régional. Hospitalisé depuis sept semaines dans une unité de soins intensifs, son état de santé s'était brusquement détérioré ce week-end et il avait été opéré en urgence lundi. Il est finalement décédé mardi vers 08H30 GMT. Sa mort a été annoncée sur les médias d'Etat par le vice-président Rupiah Banda, qui doit assurer l'interim jusqu'à l'organisation d'une élection présidentielle dans les 90 jours. M. Banda a décrété sept jours de deuil national, durant lesquels les drapeaux resteront en berne, les radios et télévisions diffuseront de la musique funèbre et les loisirs seront suspendus. Le Parlement a suspendu ses travaux "afin de se préparer pour les funérailles", a déclaré le président de l'Assemblée nationale, Amussa Mwanamwambwa. La date des obsèques n'a pas encore été fixée. Le président Mwanawasa avait été hospitalisé après un malaise le 29 juin alors qu'il se trouvait en Egypte pour un sommet de l'Union africaine (UA). Il avait été transféré à l'hôpital militaire Percy de Clamart, dans la banlieue de Paris, où il est décédé. Troisième chef d'Etat depuis l'indépendance en 1964 de la Zambie, M. Mwanawasa avait gagné le respect de la communauté internationale pour avoir réduit l'inflation et les dépenses publiques, même si le pays reste l'un des plus pauvres du monde. La croissance économique en Zambie est aujourd'hui supérieure à 6% et les réserves en devises dépassent le milliard de dollars. Il a aussi gagné le respect de l'Occident pour avoir osé critiquer, à contre-courant de la majorité des leaders régionaux, le président Mugabe, reconduit dans ses fonctions après un simulacre de présidentielle fin juin. En 2007, il avait comparé le Zimbabwe à "un Titanic en train de sombrer" puis dénoncé en juin dernier "le silence" de ses voisins malgré les violences dans le pays. Le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy, qui préside actuellement l'Union européenne (UE), a immédiatement estimé que sa mort représentait "une grande perte pour la démocratie, dont il fut un ardent défenseur tout au long de sa vie". L'opposant zimbabwéen Morgan Tsvangirai a regretté la perte "d'un bon ami et camarade", d'"un champion de la démocratisation de la région (australe) et du continent africain en général". Le premier président de la Zambie indépendante Kenneth Kaunda, à la tête du pays pendant 27 ans, a regretté la perte d'un "visionnaire, un leader, qui a transformé l'économie de ce pays" et a appelé les Zambiens à rester unis, tout comme son successeur, l'ex-président Frederick Chiluba. Levy Mwanawasa avait succédé à ce dernier en 2002 sous les couleurs du Mouvement pour la démocratie multipartite (MMD) après un scrutin remporté de justesse dans des conditions contestées. En octobre 2006, il s'était maintenu à son poste pour un nouveau mandat de cinq ans. Là encore, le scrutin avait été contesté et sa réélection avait entraîné des violences à Lusaka. Une campagne anti-corruption, lancée au plus haut niveau, lui a surtout permis d'écarter de potentiels rivaux. Le MMD de Levy Mwanawasa, qui ne pouvait briguer de troisième mandat selon la Constitution, devait l'année prochaine organiser une conférence pour lui choisir un successeur. Grièvement blessé dans un accident de voiture au début des années 90, ce père de six enfants avait eu une première attaque cérébrale en 2006.