Le président zimbabwéen affirme qu'il ne négociera que s'il est reconnu «président» du Zimbabwe. Le président zimbabwéen Robert Mugabe a signifié hier à l'opposition qu'il ne comptait pas renoncer à son statut de chef de l'Etat, en posant comme condition préliminaire à toute négociation la reconnaissance de sa réélection à la tête du pays. ´´Je suis le président de la République du Zimbabwe et c'est la réalité. Ceux qui veulent le dialogue doivent l'accepter´´, a asséné Robert Mugabe dans un discours à l'adresse de ses partisans. Si l'opposition est ´´d'accord avec ça´´, ´´alors nous pourrons engager un dialogue et écouter leurs idées´´, a-t-il ajouté devant 3000 à 4000 partisans venus l'attendre à l'aéroport de Harare. Le plus vieux des chefs d'Etat africains, 84 ans et au pouvoir depuis 1980, est rentré au Zimbabwe dans la matinée en provenance d'Egypte, où il a participé à un sommet de l'Union africaine (UA) juste après avoir été investi pour un sixième mandat à la tête du Zimbabwe à l'issue d'un scrutin contesté. Dans son discours, il a recommandé au chef de l'opposition Morgan Tsvangirai de ne pas se faire ´´d'illusions´´: ´´Nous n'accepterons jamais rien d'autre que (le résultat) de l'élection du 27 juin´´, a-t-il lancé en référence au second tour de la présidentielle, qu'il a logiquement remporté puisqu'il était seul en lice. Ce scrutin a été qualifié de ´´fraude´´ par l'opposition et l'Occident. Lors du sommet de l'UA, lundi et mardi à Charm-el-Cheikh, certains dirigeants africains, notamment du Nigeria, du Botswana ou de la Sierra Leone, ont également critiqué cette élection. Mais d'autres, notamment du Gabon ou de Gambie, ont serré les coudes autour de Robert Mugabe. Au final, le communiqué adopté par l'UA se contente de manifester ´´l'inquiétude´´ du continent face à la situation au Zimbabwe et appelle à la formation d'un gouvernement d'union nationale. Si le gouvernement de Harare avait jugé ´´bienvenue´´ cette résolution, Morgan Tsvangirai avait rejeté l'idée d'un gouvernement d'union, estimant qu'elle ne ´´reflèterait pas la volonté´´ des Zimbabwéens. Arrivé largement en tête au premier tour de la présidentielle le 29 mars, le leader de l'opposition s'était retiré de la course électorale en raison des violences contre ses partisans qui, selon lui, ont fait près de 90 morts, 10.000 blessés et 200.000 déplacés. Pour lui, seuls les résultats du premier tour sont légitimes. Il n'envisage de discuter avec le régime que sur cette base et à condition que les violences s'arrêtent dans le pays. Il veut en outre un dialogue sur la mise en place d'un mécanisme temporaire avant l'organisation de nouvelles élections. Hier, il a reçu l'appui de l'Union européenne (UE). ´´L'objectif de toute solution doit être la tenue rapide d'une nouvelle consultation libre, démocratique et transparente du peuple zimbabwéen´´, a indiqué la présidence française de l'UE dans un communiqué. A New York, les Etats-Unis ont déposé formellement jeudi au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution qui prévoit un embargo sur les armes à destination du Zimbabwe et des sanctions personnelles contre douze de ses ressortissants, dont Robert Mugabe. En Afrique, le Botswana a de nouveau demandé que le Zimbabwe soit expulsé de l'UA et de la Communauté de développement d'Afrique australe (Sadc). Mais les chances de voir la région suivre ce conseil sont très minces, d'autant que le président zambien Levy Mwanawasa, un critique virulent de Robert Mugabe, n'est pas en mesure de l'appuyer. Victime d'une attaque cérébrale, il se trouvait toujours hier dans l'unité de soins intensifs d'un hôpital français.