Le roman et la poésie prosaïque arabes ont été, dimanche soir à Alger, au centre d'un débat entre écrivains et critiques littéraires du monde arabe qui ont unanimement écarté l'existence d'une crise dans la littérature arabe moderne qui se trouve plutôt au cœur de tendances novatrices. Mettant à profit cette rencontre qui s'inscrit dans le cadre des activités du 1er Festival culturel international de la littérature et du livre de jeunesse qui se tient à Ryadh el-Feth (Alger), les hommes de lettres arabes ont revisité les différentes étapes du développement de la littérature arabe dans ses différentes expressions prosaïques et poétiques jusqu'à l'émergence du nouveau phénomène de la poésie prosaïque qui marque, ont-ils estimé, l'estampille des auteurs arabes contemporains. Dans ce contexte, l'écrivain Rachid Boudjedra, auteur du célèbre "Escargot entêté", a précisé que les créateurs arabes ont été animés par le désir d'explorer l'espace romanesque classique, emboîtant le pas à leurs pairs occidentaux qui ont donné naissance, a-t-il dit, à "un courant, voire une tendance novatrice dans le domaine du roman mais aussi de la poésie". Citant à titre d'exemple le défunt écrivain Kateb Yacine qu'il a qualifié de fondateur et innovateur du roman algérien moderne, M. Boudjedra a indiqué que "le courant du renouveau a marqué l'ensemble des pays arabes et c'est ainsi que naquit le roman algérien moderne grâce à Kateb Yacine". Retraçant l'historique de l'émergence des différents genres littéraires prosaïques arabes, dont le roman et la nouvelle, l'écrivain égyptien Youcef Chaabane a souligné, dans la même foulée, l'intérêt porté par les jeunes écrivains arabes aux biographies et thèmes sociaux. Pour sa part, l'écrivain syrien, Mohamed Fouad a nié l'existence, actuellement, d'une crise littéraire arabe, relevant l'émergence de nouvelles visions novatrices, tel la poésie prosaïque, un genre littéraire qui, a-t-il estimé, "a marqué une rupture avec les genres littéraires classiques". Le critique égyptien Salah el-Saraoui a, quant à lui, présenté dans son intervention un aperçu sommaire sur l'avènement de la poésie et de la prose dans le monde arabe, rappelant que "la poésie était l'apanage des nomades alors que la prose, notamment le roman, s'était diffusée et ancrée dans le milieu urbain". Le critique égyptien a précisé que la prose requiert du temps et de la stabilité, faisant observer que plus l'on se dirige vers la ville et les sociétés marquées par les valeurs citadines, plus l'on remarque l'ancrage des genres littéraires.