Espace, tout à la fois, de production et d'échanges de ressources énergétiques, la Méditerranée supporte environ le tiers du commerce mondial des hydrocarbures.Une large partie de ce commerce résulte de flux de transit, exogènes à la région. Les échanges endogènes s'expliquent par deux différences essentielles. La dotation en ressources énergétiques est très fortement concentrée sur trois pays du Sud, l'Algérie, la Libye et l'Égypte, qui détiennent environ 5% des réserves mondiales de gaz naturel et 3% des réserves de pétrole, les pays du Nord sont plus riches et consomment beaucoup plus d'énergie par habitant que ceux du Sud.Il y a donc une complémentarité entre la rive nord et la rive sud de la Méditerranée. En Europe, les pays ont de gros besoins énergétiques et très peu de ressources et sont donc amenés à importer, toujours davantage, du pétrole comme du gaz. Ils sont presque tous très dépendants en matière d'approvisionnements en hydrocarbures. Les nouveaux membres entrant dans l'UE en 2004 couvrent une partie de leurs besoins énergétiques à partir de gaz russe importé. Tous sont susceptibles de recourir davantage aux ressources des pays du Sud méditerranéen. En face, il y a les pays exportateurs. Pour le gaz naturel, le marché est constitué de relations bilatérales entre les pays producteurs du sud de la Méditerranée et les pays importateurs au nord. L'intégration consiste donc en la construction d'interconnexions traversant la Méditerranée. Les deux principaux gazoducs existants à ce jour sont le Transmed (Algérie, Tunisie, Sicile, Italie) et le gazoduc Maghreb-Europe (Algérie, Maroc, Espagne, Portugal). L'Algérie construit un gazoduc directement vers l'Espagne (Medgaz) et un autre directement vers l'Italie (Galsi) en passant par la Sardaigne. Il est intéressant de noter que ces projets, qui seront en service prochainement, étaient impensables techniquement il y a 10 ans. Quand l'Algérie a inauguré le GME, elle a été obligée de le faire à travers le Maroc car on ne savait pas construire à l'époque des tuyaux sous-marins à grande profondeur. Aujourd'hui, on sait faire et il va y avoir des liaisons directes Algérie - Espagne et Algérie - Italie. Tout cela renforce les interconnexions de la zone. Ce n'est pas, à proprement parler, un marché commun du gaz mais c'est une interconnexion renforcée entre l'offre au sud et la demande au nord.Il est à noter que, malgré les turbulences politiques qu'ont pu connaître les pays d'Afrique du Nord, il n'y a jamais eu de coupures des flux énergétiques. Par ailleurs, le renforcement des interconnexions électriques Nord-Sud et Est-Ouest peuvent aussi avoir des effets structurants pour l'ensemble des pays du monde méditerranéen. Il existe déjà des interconnexions électriques entre plusieurs pays du pourtour méditerranéen dont bénéficient les différents réseaux nationaux. La boucle méditerranéenne n'est pas encore complète mais elle est inscrite depuis longtemps parmi les projets des entreprises électriques de la région. Des travaux du Comité maghrébin de l'électricité (Comelec) tendent à montrer que sa réalisation pourrait entraîner des réductions sensibles de coût par décalage des courbes de charge et réduction des marges de réserve nécessaires. A plus long terme, l'objectif des pays autant du sud que du nord cherchent à développer des bilans énergétiques plus diversifiés et plus soutenables. Or, les pays d'Afrique du Nord ont des ressources abondantes en solaire, en éolien. Il y a donc également une complémentarité qui reste à développer dans ces nouvelles sources d'énergie.