Le commando qui a détourné un avion soudanais en Libye a libéré hier tous ses passagers, annonce l'aviation civile libyenne."Nous pouvons confirmer que tous les passagers ont été libérés par les pirates de l'air", a dit à Reuters un haut responsable libyen. L'avion avait été détourné mardi vers Koufra, dans le sud-est de la Libye, une demi-heure après son décollage de la capitale du Darfour-Sud, au Soudan, alors qu'il devait se rendre à Khartoum. Selon l'aviation civile libyenne, quelque 95 passagers se trouvaient à bord du Boeing 737/200 de la Sun Air immobilisé sur la piste de Koufra. "Des passagers de l'avion détourné ont commencé à sortir", avait annoncé quelques minutes plus tôt la télévision publique égyptienne sans fournir de précision. Des négociations avaient été engagées dans la matinée entre les autorités libyennes et les pirates de l'air, qui exigent que le plein de carburant soit fait afin que l'appareil puisse redécoller à destination de Paris. "Les seules exigences dont nous avons connaissance, c'est qu'il veut de la nourriture et du carburant et l'autorisation de redécoller vers la France", a dit le directeur de la Sun Air, la compagnie aérienne soudanaise qui ne mentionne pour sa part qu'un seul pirate de l'air. D'autres informations font état, sur la base notamment de déclarations du pilote de l'avion, d'un commando d'une dizaine de membres. D'après le pilote de l'avion et le directeur de l'aéroport de Koufra, une oasis située en plein Sahara, le commando se réclame d'une branche du Mouvement de libération du Soudan (SLM), l'une des organisations rebelles en lutte au Darfour. "Ils disent appartenir à la faction d'Abdel Wahed Nur, qui vit à Paris. Ils se sont coordonnés avec lui pour le rencontrer dans la capitale française", a déclaré le pilote, cité par l'agence de presse libyenne Jana, aux autorités libyennes. La faction du SLM dirigée par Abdel Wahed Mohamed al Nour a démenti que les pirates de l'air fassent partie de ses rangs et a accusé le gouvernement soudanais d'être responsable de ce détournement, cela pour justifier de nouveaux massacres au Darfour.A Paris, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a affirmé sur Europe 1 que le chef rebelle soudanais, qui vit en exil en France depuis quelques années, refusait "absolument d'employer ces méthodes". "Ce n'est d'ailleurs pas son genre, c'est plutôt un homme pacifique", a-t-il ajouté.