Les cours du pétrole repartaient à la hausse hier matin, tirés par la menace de la tempête Gustav sur le golfe du Mexique, région vitale pour la production américaine d'or noir. Vers 10H00 GMT, le baril de Brent pour livraison en octobre prenait 1,21 dollar à 115,38 dollars sur l'InterContinental Exchange de Londres. A la même heure, le baril de "light sweet crude" pour livraison en octobre gagnait 1,37 dollar à 116,97 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Selon les prévisions du centre américain des ouragans (NHC), Gustav menaçait de redevenir un ouragan, jeudi, avant de se lancer à l'assaut du golfe du Mexique, où se concentrent 26% de la production de brut américaine, et d'atteindre, lundi, les côtes de Louisiane et du Texas. Selon Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, basé à Houston, au Texas, la tempête Gustav pourrait provoquer une réduction d'environ 1 million de barils de pétrole par jour (bpj), soit plus de 70% de la production totale du golfe du Mexique (1,4 million de bpj). Malgré cette menace, le marché semble avoir été rassuré d'apprendre que l'Agence Internationale de l'Energie était disposée à puiser dans ses réserves stratégiques pour compenser les barils qui pourraient manquer. Ce plan d'urgence prévoit la mise à disposition de 2 millions de barils par jour pendant 30 jours. Par ailleurs, les compagnies pétrolières, qui ont tiré les leçons du passage dramatique de Katrina trois ans plus tôt, se mettaient en ordre de bataille avant l'arrivée de la tempête. Le groupe pétrolier anglo-néerlandais Shell, qui produit à lui seul l'équivalent de 510 000 barils de pétrole et de gaz naturel dans la zone, a commencé à procéder à des évacuations massives de personnel de ses plateformes offshore. Quelque 700 personnes sont déjà rentrées à terre, et 600 autres devaient les rejoindre vendredi et samedi, obligeant la compagnie à réduire sa production. Le britannique BP a indiqué évacuer son "personnel non essentiel" de ses installation offshore, tandis que l'américain ConocoPhilips rapatriait 44 personnes de sa plateforme "Magnolia" et de ses sites dans les eaux du sud de la Louisiane. Conoco a également interrompu ses activités de forage et ancré son matériel à l'abri. Son concurrent ExxonMobil "identifie le personnel concerné par une éventuelle évacuation" mais sa production n'est, pour l'heure, pas affectée. De son côté, le français Total avait annoncé mercredi qu'il pourrait interrompre sa production à partir de samedi. "Tout le monde compare Gustav à l'ouragan Katrina, qui a frappé il y a trois ans", relève M. Lipow. A l'époque, 95% de la production de pétrole du golfe du Mexique avait été arrêtée, ainsi que 88% de sa production de gaz naturel. Les Etats-Unis avaient, en outre, été privés de 10% de leur capacité de raffinage. Pour faire face, l'Agence internationale à l'énergie (AIE) avait coordonné un plan d'urgence, qui prévoyait le recours aux réserves stratégiques de ses membres. Avec l'arrivée de Gustav, "il y a aura des perturbations de la production, mais la question c'est de savoir à quelle vitesse l'industrie pourra s'en remettre", explique l'analyste. "Cette fois, l'industrie pétrolière et gazière est bien mieux préparée, pas seulement pour ses installations offshore, mais aussi à terre", ajoute-t-il.