L'Algérie compte importer 50 000 vaches laitières durant l'année 2007 afin de répondre aux besoins nationaux en matière de lait. C'est ce qu'a indiqué le ministre de l'Agriculture, Saïd Barkat, dans des déclarations accordées au confrère El Khabar. Il précisera dans le même sillage que 8000 vaches laitières ont déjà été importées en 2006 et 18 000 en 2005. L'Objectif est de réduire la facture des importations de lait qui s'élève à 600 millions de dollars par an , selon le Dr Barkat. Les Algériens consomment, annuellement, 3 milliards de litres de lait alors que nous ne produisons que 2, 2 milliards de litres par an. Effectivement, en Algérie , le lait occupe une place importante dans la ration alimentaire de chacun quel que soit son revenu. Afin de combler le déficit en protéines d'origine animale, les populations à faibles revenus recourent généralement à la consommation de lait parce que, d'une part, en tant que produit très riche en nutriments, le lait peut suppléer à d'autres produits coûteux tels que la viande par exemple et, d'autre part, il est subventionné par l'Etat. En effet, un gramme de protéines à partir du lait coûte huit fois moins cher que la même quantité à partir de la viande. Par ailleurs, dans beaucoup de cas, les produits laitiers constituent un substitut aux fruits de saison pour certaines catégories de ménage, en raison des prix généralement très élevés de ces derniers. En terme d'évolution indiciaire, le prix du lait a augmenté moins rapidement que ceux d'autres produits et est resté plus ou moins stable. L'industrie laitière en Algérie fonctionne essentiellement sur la base de matières premières importées ,c'est-à-dire de la poudre de lait et de la matière grasse de lait anhydre. C'est pour cela qu'aujourd'hui l'Etat encourage la collecte de lait cru qui constitue en fait une alternative aux poudres importées dont les prix connaissent une perpétuelle fluctuation sur le marché mondial. Le ministre de l'Agriculture s'est dit, d'ailleurs, surpris par la toute nouvelle position des industriels privés qui demandent de revoir à la hausse le prix du lait sous prétexte que le prix de la poudre sur le marché international a flambé. Pour Saïd Barkat, il n 'y a pas de doute, ces opérateurs privés compensent largement leurs pertes en augmentant leurs marges bénéficiaires à travers les produits dérivés. Ajoutons à cela, expliquera Saïd Barkat, que l'Etat subventionne les producteurs et distributeurs du lait cru à hauteur de 13 DA le litre. On est en droit de se demander, par ailleurs, si la régulation du marché du lait n'est pas également une priorité. Réguler le marché du lait en tentant d'ajuster à chaque fois - par tous les moyens - entre une offre insuffisante et une demande en progression, plutôt que de mettre en œuvre une politique laitière dont l'objectif à terme aurait été de réaliser l'introversion de la filière par l'intégration progressive de l'industrie laitière à la sphère de production locale. L'action des pouvoirs publics a consisté, fondamentalement, à développer la filière par le " bas ", c'est-à-dire en un élargissement du marché, en négligeant totalement l'amont. En témoignent les mesures à caractère social appliquées au profit des consommateurs, comme la subvention du lait industriel et les importations de lait pour la consommation. En réalité, la subvention de ces produits, décidée par l'Etat dans le cadre d'une politique sociale au profit des catégories à faibles revenus, n'a pas été nécessairement profitable à ces derniers. Et ce, pour trois raisons au moins, tout d'abord, les quantités de lait consommées par ces catégories ne sont pas forcément beaucoup plus importantes que celles consommées par les couches sociales aisées, ce qui n'exclut pas que ce soit ces dernières qui aient profité du soutien de l'Etat. Ensuite, une bonne partie des quantités de lait distribuées, notamment de lait en poudre instantané, est captée par les fabricants privés pour un usage industriel, ce qui leur permet d'accroître leur marge de profit , comme l'a soulevé d'ailleurs le ministre de l'Agriculture. Enfin, une part non négligeable de lait instantané, payée en devises, est transférée frauduleusement par-delà les frontières avec les pays limitrophes.