La guerre du lait » n'est pas encore gagnée, de l'aveu même du ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat. Elle vient même de subir un contrecoup au regard de la situation décrite par son département. Les niveaux de réalisation des investissements sont, en effet, en dessous des projections, reconnaît la direction de la réglementation et du développement des productions agricoles (DRDPA). En établissant un comparatif entre 2006 et 2005, la DRDPA constate un recul de 99 000 ha des superficies destinées aux fourrages. C'est le même son de cloche en ce qui concerne l'évolution de l'insémination artificielle. La technique qui devait s'étendre pour multiplier le nombre de vaches laitières n'a progressé que de 887 opérations. Ce qui est jugé « faible ». Sans en indiquer le niveau, le rapport de la DRDPA exprime le même mécontentement à propos de la réalisation des infrastructures et de la dotation en équipements. Sur ce dernier point, Saïd Barkat n'est pas allé de main morte envers ses 48 directeurs des services agricoles (DSA). Il tancera ses représentants locaux en les accusant de se rendre complaisants dans l'octroi des équipements, particulièrement en ce qui se rapporte à l'opération de collecte de lait. Un comportement qui a amené, déplore l'intervenant, les jeunes bénéficiaires de citernes de collecte à « tricher » pour rentabiliser leur activité. A l'adresse de l'assistance, M. Barkat rappellera cette évidence : « Nous ne donnons pas de citernes là où il n'y a pas de lait. » Pour le ministre, la fonction de collecte doit être « repensée » avec l'intégration de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) et la Salem, spécialisée dans l'acquisition sous forme de leasing du matériel agricole. Les DSA sont invités à participer à cette réflexion en gardant à vue l'objectif d'aller vers une forme de pôle de collecte du lait cru. Pour accroître la production laitière, l'Algérie a tracé un programme visant l'importation de 50 000 vaches laitières durant l'année 2007. 8000 vaches laitières ont déjà été importées en 2006 et 18 000 en 2005. L'objectif est de réduire la facture des importations de lait qui s'élève actuellement à 600 millions de dollars par an, selon le docteur Barkat. Les Algériens consomment, annuellement, 3 milliards de litres de lait alors que la collecte ne fournit que les deux tiers des besoins. Il faut signaler, également, que l'industrie laitière en Algérie fonctionne essentiellement sur la base de matières premières importées, c'est-à-dire de la poudre de lait et de la matière grasse de lait anhydre. Donner un second souffle à la collecte du lait passe, soutient la DRDPA, par la mise à contribution des mesures introduites durant 2006. Il s'agit de relancer l'exploitation fourragère par le soutien des éleveurs qui louent des terres auprès des agriculteurs (EAC, EAI) pour des productions, l'élaboration de programme d'insémination artificielle par wilaya et enfin l'allégement de la procédure d'adhésion au programme de collecte de lait, notamment en stimulant l'accès au crédit bancaire.