La Russie va respecter ses obligations de livraison de gaz vers l'Europe, a déclaré mardi soir le président russe Dimitri Medvedev, dans une interview à la chaîne de télévision Euronews."Nous allons respecter toutes nos obligations en tant que fournisseur principal des hydrocarbures à l'Europe", a dit M. Medvedev. Il a assuré que les consommateurs européens ne devaient pas s'apprêter à "un hiver froid", c'est-à-dire une perspective de rester sans gaz russe, car "personne n'y a intérêt". Le Premier ministre russe Vladimir Poutine avait déjà déclaré dimanche dernier que la Russie n'avait pas l'intention de limiter ses exportations de pétrole et de gaz vers l'Europe. "Nous n'avons pas l'intention de limiter quoi que ce soit. Nous allons strictement respecter nos obligations contractuelles, mais nous allons élargir et diversifier nos possibilités d'exportation de ce produit si nécessaire à l'économie mondiale", a-t-il dit à la chaîne de télévision Rossia. Ces déclarations du président russe interviennent au lendemain du sommet extraordinaire de l'Union européenne, consacré à l'avenir de ses rapports avec la Russie à la suite de la guerre en Ossétie du Sud, qui s'est tenu lundi à Bruxelles. L'UE, principal partenaire commercial de la Russie, s'est abstenue de toute sanction économique contre son grand voisin de l'Est. Le fait est que l'Europe dépend fortement des livraisons de ressources énergétiques russes. Les livraisons de ressources énergétiques russes à l'UE en constituent la majeure partie. La Russie livre actuellement à l'UE un tiers du pétrole et 40% du gaz consommés par les Vingt-Sept. La possibilité de décider des sanctions économiques à l'encontre de la Russie avait pourtant été sérieusement examinée à la veille du sommet extraordinaire de l'UE. Mais cette option a buté sur le refus des grands pays de l'UE, principaux consommateurs de ressources énergétiques russes (l'Italie, l'Allemagne et la France) qui se sont prononcés contre toute sanction économique, quelle qu'elle soit. En effet, la résolution du sommet ne parle d'aucune sanction économique contre la Russie à cause de son conflit militaire avec la Géorgie. Ce document abonde en expressions évasives, ce qui peut être considéré comme une relative victoire diplomatique de Moscou. Les partisans d'une ligne dure à l'égard de la Russie (la Grande-Bretagne et la Pologne) doivent se contenter d'un point de la résolution évoquant la suspension des négociations avec Moscou sur un nouvel accord de partenariat et de coopération. La Russie et l'Union européenne sont liées par une solide dépendance énergétique qui rend difficile une remise en cause de leurs relations. Côté européen, en 2005, 43 % des importations de gaz et le tiers des importations de pétrole venaient de Russie. Côté russe, les hydrocarbures représentaient plus de 70 % des recettes d'exportations et des rentrées de devises. Or, les deux tiers des exportations de gaz russe sont destinés à l'Europe. C'est donc cette interdépendance qui fait que les pays de l'UE et la Russie évitent les conclusions extrêmes.