L'avionneur américain Boeing faisait face ce week-end à un mouvement de grève paralysant sa production, n'étant pas parvenu à boucler un accord avec le puissant syndicat des mécaniciens, en dépit de négociations de dernière minute. L'IAM, le plus gros syndicat représenté chez Boeing, avec quelque 27.000 mécaniciens concernés soit environ 16% de la masse salariale, a donné le feu vert à ses membres pour démarrer une grève qui menaçait depuis mercredi. "La grève est lancée!", a annoncé l'International Association of Machinists and Aerospace Workers (IAM) sur le site d'une de ses sections locales, indiquant que le débrayage "débutera une minute après minuit" heure locale, soit samedi à 07H01 GMT. "Cette entreprise n'a pas respecté le processus, a négocié illégalement et surtout, n'a pas respecté les meilleurs mécaniciens qui soit en refusant de répondre à leurs attentes", est-il ajouté. Pour sa part, Boeing a fait savoir que "des pourparlers sous l'égide d'un médiateur avec l'IAM se sont terminés aujourd'hui (vendredi) sans parvenir à un accord sur un nouveau contrat salarial couvrant près de 27.000 employés". "Ces deux derniers jours, Boeing, le syndicat et le médiateur fédéral ont travaillé dur pour essayer de bonne foi de trouver des voies vers un accord. Malheureusement, les désaccords étaient trop profonds pour que les positions puissent se rapprocher", a déploré le PDG des avions commerciaux Boeing, Scott Carson, dans un communiqué. Ce débrayage était redouté par les observateurs du secteur, alors que syndicat et direction discutaient âprement ces dernières semaines pour renouveler le contrat collectif des mécaniciens, qui a expiré ce mercredi. Les propositions "à prendre ou à laisser" faites par Boeing, portant notamment sur des hausses de salaires et des prestations retraites ainsi que sur la sécurité de l'emploi, avaient été rejetées ces derniers jours par l'IAM, et le principe de la grève avait été ratifié mercredi à 87% par ses membres. Toutefois, syndicat et direction s'étaient donné 48 heures et l'intervention d'un médiateur pour parvenir à un accord et éviter ainsi une grève préjudiciable à l'avionneur. Les suites du débrayage sur d'éventuelles nouvelles discussions n'étaient pas claire vendredi soir. Concernant sa production, Boeing a assuré que "pendant l'arrêt de travail, Boeing va aider ses clients et leurs avions en service. La compagnie va continuer à livrer des appareils qui étaient déjà terminés avant la grève, ainsi qu'à livrer des pièces de rechange aux clients". En revanche, "Boeing n'a pas l'intention d'assembler des avions pendant la grève", a ajouté le groupe. Ce mouvement social est un nouveau coup dur porté au futur avion de ligne de Boeing, le long courrier de moyenne capacité 787 dit "Dreamliner", qui a déjà pris presque deux ans de retard en raison de problèmes à répétition au niveau de la production. Les compagnies clientes de Boeing ont déjà pris commande pour près de 900 appareils de la famille du 787, et pourraient réclamer à Boeing des indemnités compensatoires. Au-delà du "Dreamliner", la grève va paralyser des chaînes de production qui tournent à plein régime depuis plusieurs mois, en raison d'une demande mondiale en plein boom pour des avions civils de nouvelle génération, moins consommateurs en carburant que les avions vieillissants des compagnies aériennes. Selon des estimations d'analystes, une grève de l'IAM, la deuxième dans l'histoire récente de Boeing, va coûter cher à l'avionneur, avec un manque à gagner potentiel de plus de 100 millions de dollars par jour en termes de revenus. Une facture bien plus lourde que le premier débrayage de l'IAM, en 2005, qui avait duré un mois et avait grevé le bénéfice annuel de 300 millions de dollars.