Les pays dont les flottes de pêche sillonnent régulièrement les eaux de la Méditerranée ont convenu d'une série de nouvelles mesures visant à conserver les stocks de poisson de la région, a déclaré mardi l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Les mesures ont été adoptées à l'issue de la réunion annuelle, la semaine dernière à Rome, de la Commission générale des pêches de la FAO pour la Méditerranée (CGPM) à laquelle ont participé 19 pays, plus la Communauté européenne. Une des principales conclusions de la session a été un accord sur l'utilisation de nouveaux types de filets plus sélectifs dans les chaluts de fond. L'introduction de quelques modifications du maillage dans le cul du chalut permettra de sauvegarder les juvéniles qui pourront ainsi s'échapper et se reproduire par la suite. Parmi les espèces qui bénéficieront de ces mesures, citons le rouget et le merlu, très appréciés des consommateurs et qui revêtent une grande importance économique, mais qui sont classés par la FAO dans la catégorie "pleinement exploités" ou "surexploités". La Commission a, en outre convenu d'une série de benchmarks servant à mesurer la capacité des flottes de pêche dans la région et à évaluer leurs impacts sur les stocks partagés. L'existence de ce type de système unifié est une grande première en Méditerranée. "Il s'agit là, d'une étape importante - nous disposons désormais d'un outil permettant de dresser un tableau complet du type de pêche en cours dans toute la zone, et nous pourrons enfin affronter l'aménagement des pêches multi-espèces", a indiqué le Secrétaire de la CGPM, M. Alain Bonzon. De plus, ces nouvelles définitions de l'effort de pêche permettront d'étudier et d'émettre des recommandations spécifiques à chaque sous-secteur des diverses flottes de pêche, ce qui améliorera certainement la gestion dans son ensemble. Il a été question également de nouvelles règles pour le thon. Les membres de la CGPM ont approuvé de nouvelles règles pour la pêche au thon, récemment adoptées par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA). En effet, les deux commissions partagent la responsabilité de la gestion des stocks migrateurs de thon rouge en Méditerranée. Le nombre de pays ayant décidé de se conformer à ces nouvelles règles CICTA passe désormais de 42 à 56. Parmi les mesures adoptées figurent un plan de reconstitution des stocks de thon rouge sur 15 ans (2007-2022), qui impose des saisons de fermeture de six mois pour certains types d'embarcations, interdit l'utilisation d'aéronefs pour la détection des thons, de même que la capture de thons de moins de 30 kg, sauf dans certaines circonstances, et requiert des déclarations plus rigoureuses des prises de thon. Le plan prévoit, en outre que les thons doivent être débarqués dans des ports désignés et oblige les pays à détacher des observateurs sur les bateaux de pêche pour surveiller de plus près le respect des règles. Ces diverses mesures devraient aider à faire reculer sensiblement la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, explique-t-on. Selon la FAO, les stocks de thon rouge dans la Méditerranée sont "appauvris", ce qui signifie que les prises actuelles sont largement inférieures aux niveaux historiques. Les débarquements de grands pélagiques dans les eaux méditerranéennes ont atteint le chiffre record de 39 000 tonnes en 1994, avant de chuter en 2002 à 22 000 tonnes, selon les chiffres établis par l'organisation onusienne.