Malgré la décision de l'Opep mercredi d'abaisser sa production, les prix du pétrole ont poursuivi leur repli, profitant notamment de l'appréciation du dollar, de l'ouragan Ike et de rumeurs de dissensions au sein de l'Opep. Après être passé jeudi sous les 97 dollars, et avoir touché 96,99 dollars, un plus bas depuis le 4 mars dernier, les cours du pétrole remontaient vendredi matin, poussés par l'approche de l'ouragan Ike, qui a entraîné la fermeture des installations pétrolières et gazières dans le Golfe du Mexique. Vers 10h00 GMT, le baril de Brent pour livraison en octobre prenait 1,40 dollar à 99,04 dollars sur l'InterContinental Exchange de Londres (ICE). A la même heure, le baril de "light sweet crude" pour livraison en octobre gagnait 1,46 dollar à 102,33 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). "On va encore passer un week-end entier à regarder la météo !", prédit l'analyste Olivier Jakob, du cabinet Petromatrix. Le marché pétrolier observe en effet avec inquiétude l'approche de l'ouragan Ike vers le Golfe du Mexique, où se concentre un quart de la production pétrolière américaine. Ainsi, ce rebond des prix du pétrole n'est pas à mettre à l'actif de la décision prise par l'Opep mercredi de s'en tenir strictement à ces quotas de production préétablis.Cette décision aurait pour effet de réduire l'offre mondiale de pétrole de 520 000 barils par jour, puisque la plupart des pays membres ne respectaient pas ces mêmes quotas dans les mois passés. L'Arabie Saoudite dépasse déjà son quota de 600 000 barils par jour. Son choix d'ignorer les directives de l'Opep résulterait en une offre mondiale inchangée. D'ailleurs, le New York Times a indiqué que l'Arabie saoudite pourrait ne pas respecter la consigne de l'Opep d'une diminution de sa production d'or noir. "Si l'Arabie Saoudite a officiellement indiqué qu'elle allait réduire sa production, en privé le discours ne confirme pas cette position", a indiqué le quotidien américain. Le marché semblait donc accorder jeudi davantage de poids aux chuchotements des Saoudiens qu'au mot d'ordre de l'Opep. Il n'empêche que la perspective d'une baisse de la production a soulevé l'ire des Etats-Unis. Le porte-parole de la Maison Blanche, Scott Stanzel a déclaré que "les Etats-Unis ont besoin de davantage de pétrole et les prix de l'énergie demeurent encore très élevés malgré la récente baisse". Le yo-yo du prix du pétrole a transformé dramatiquement sa production et sa consommation. Au début de l'année, le baril coûtait 99 dollars pour ensuite grimper de 50 %, à 147 dollars en juillet, et redescendre jeudi 11 septembre à 97 dollars. Comme tout marché, quand la tension devient forte, il y a rééquilibrage. "Lorsque le baril a atteint 140 à 150 dollars, il y a eu un effet destruction de la demande", explique Jean-François Gruson, directeur adjoint des études économiques de l'IFP, (l'Institut français du pétrole). Avec une croissance mondiale au ralenti, la croissance des pays de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) a baissé et , par conséquent, consomment moins de pétrole. Sur le front géopolitique, le pétrole trouvait aussi un soutien grâce aux propos du président du Venezuela, Hugo Chavez. Il a menacé jeudi de suspendre les fournitures de pétrole brut vénézuélien aux Etats-Unis, qui sont son principal client, si Washington agresse son gouvernement. En cas d'agression américaine contre le Venezuela, "il n'y aura plus de pétrole pour le peuple des Etats-Unis", a-t-il lancé, peu après avoir ordonné l'expulsion de l'ambassadeur américain à Caracas, en solidarité avec la Bolivie.