Les nouvelles mesures prises par le gouvernement algérien à l'égard de l'investissement étranger continuent d'alimenter le débat. On craint de plus en plus une éventuelle diminution du volume des IDE, même si on se plaint souvent de leur faiblesse si ce n'est de leur absence dans les secteurs productifs. Selon un rapport du réseau Anima sur les investissements étrangers dans la région Mena, publié en 2007, l'investissement étranger en Algérie est en net recul (-33%), avec un volume de 2,36 milliards d'euros, malgré un nombre considérable de projets détectés. Un recul, enregistré bien avant l'adoption des nouvelles mesures concernant les investissements étrangers. Il faut savoir que le gouvernement est bien décidé à exécuter la nouvelle feuille de route initiée par le président Bouteflika concernant le développement et la promotion de l'économie nationale. Et la rencontre tenue ce jeudi par le chef du gouvernement avec une délégation du Forum des chefs d'entreprise confirme le fait que le gouvernement a pris conscience de l'échec de la politique de la promotion des IDE et de la nécessité de recourir aux investisseurs locaux et rétablir un équilibre entre leur place et celle des IDE dans l'économie nationale. M. Ouyahia avait bien fait savoir aux patrons algériens que l'Algérie compte sur eux.Pour sa part, le président de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (Caci), M. BrahimBendjaber a déclaré que l'Algérie "ne peut être développée que par les Algériens". Il est allé encore plus loin en soulignant que l'Algérie doit songer, dès à présent, à faire face à une éventuelle diminution du volume des investissements étrangers.L'impact de la décision prise récemment par le gouvernement de soumettre tout investissement étranger futur à une prise de participation algérienne à hauteur de 51% sur le volume des investissements étrangers dans notre pays ne peut être déterminé en l'état actuel des choses.S'exprimant, hier matin, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, le président de la Caci a relevé la nécessité de faire le bilan de tous les investissements qui ont été réalisés dans notre pays pour avoir des éléments de réponse. Toutefois, selon lui, l'Algérie "ne peut être développée que par les Algériens". Dans ce cadre, il a soulevé que l'investissement étranger s'est toujours tourné vers des créneaux porteurs tels la promotion immobilière alors que certains secteurs comme l'industrie et l'agroalimentaire ont été négligés. Dans ce contexte, il a préconisé le recours au marché obligataire qui est à même de financer bien des projets. A ce titre , il a fait remarquer que 100 milliards de dinars ont été récoltés grâce aux emprunts obligataires lancés, ces dernières années, par les entreprises nationales, citant l'exemple du ciment dont le déficit en production avoisine les 4 millions de tonnes par an. Un déficit qui peut être, selon M. Bendjaber, comblé par l'investissement de 700 millions de dollars, soit 50 à 55 milliards de dinars, une somme qui "n'est pas difficile à ramasser dans l'épargne publique".S'agissant de la mesure prise lors du dernier Conseil des ministres concernant la soumission de tout investissement étranger futur à une prise de participation algérienne à hauteur de 51%, le président de la Caci a déclaré qu'une participation majoritairement algérienne dans les futurs investissements étrangers "garantirait au moins les intérêts de notre pays" et permettrait "d'orienter les investissements". M. Bendjaber, a défendu les nouvelles décisions concernant l'investissement étranger en soulignant que l'Algérie n'est pas le premier pays au monde à prendre une telle mesure qui peut être perçue, il est vrai, comme une "régression libérale par rapport à la législation" en vigueur jusque-là. En tout cas, ce qui est clair, c'est que le gouvernement ambitionne de développer l'investissement local en Algérie pour combler l'insuffisance des IDE.