Quelques 74.000 membres du parti Kadima en Israël étaient appelés hier à élire la femme ou l'homme chargé de diriger le pays après la démission promise du Premier ministre Ehud Olmert empêtré dans des affaires de corruption. La favorite, dans la course à la direction du parti centriste au pouvoir est la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, 50 ans, jugée pragmatique sur des dossiers comme le processus de paix et le nucléaire iranien. Mme Livni, qui se présente comme "Mme Propre", promet de donner un nouveau souffle à un parti frappé par une série de scandales de corruption qui ont affecté sa direction. Elle dispose de l'appui de l'entourage de l'ancien Premier ministre Ariel Sharon, le fondateur du parti en novembre 2005 et qui gît dans le coma depuis janvier 2006 à la suite d'une attaque cérébrale foudroyante. Elle affronte le ministre des Transports Shaul Mofaz, 59 ans, qui s'est forgé une réputation d'adepte de la manière forte mais que ses adversaires accusent d'opportunisme compte tenu de ses volte-face passées. Cet ancien chef d'état-major et ministre de la Défense a axé sa campagne des primaires sur le thème de son expérience en matière de sécurité. Il prône l'option militaire contre l'Iran, rejette tout compromis avec la Syrie et préconise les liquidations ciblées contre les chefs du mouvement palestinien Hamas. Les deux candidats ont écarté un accord avec l'Autorité palestinienne avant fin 2008, auquel M. Olmert tente de parvenir. Mme Livni dispose d'une nette avance selon les sondages, mais dans le passé ces enquêtes d'opinion ce sont trompées concernant des primaires de parti, où le poids des appareils est déterminant. Or si Mme Livni fait figure aujourd'hui de personnalité la plus populaire du Kadima, M. Mofaz dispose d'un fort soutien de la base et des élus locaux. Pour être élu au premier tour, le futur chef du Kadima devra dépasser la barre des 40% des suffrages exprimés, faute de quoi un deuxième tour sera organisé le 24 septembre. Pour ces primaires, les premières depuis la création du Kadima, deux autres candidats sont en lice mais ont peu de chances de faire un bon score: Meïr Shetreet, ministre de l'Intérieur, et Avi Dichter, ministre de la Sécurité intérieure. Le vainqueur tentera de former un nouveau gouvernement et s'il échoue, devra affronter le chef de l'opposition de droite Benjamin Netanyahu, chef du parti Likoud, donné en tête dans l'ensemble des récents sondages d'opinion. M. Olmert a d'ores et déjà promis de démissionner dès l'élection de son successeur au Kadima. Mais cette démission pourrait ne pas être immédiate, vu qu'elle doit être annoncée auparavant en Conseil des ministres, réuni dimanche, puis présentée au chef de l'Etat Shimon Peres qui se rend à New York la semaine prochaine à New York pour la session annuelle de l'Assemblée générale de l'ONU. Selon des analystes, cette démission ne devrait entrer en vigueur qu'après la fin du Nouvel an juif (Rosh Hashanah) le 2 octobre. M. Olmert restera cependant à la tête d'un cabinet de transition tant qu'un autre gouvernement n'aura pas été formé. Après sa démission, M. Peres devrait accorder un délai de 42 jours au prochain chef du Kadima pour constituer une majorité parlementaire. En cas d'échec, il pourra confier cette tâche à un autre député pour 28 jours. Si cette nouvelle tentative échouait, des élections anticipées auraient lieu début 2009. La législature actuelle s'achève normalement fin 2010.