La mévente des tracteurs a provoqué un manque à gagner estimé à plus d'un milliard de dinars. La situation «se dégrade au fil des jours» et remet en cause toutes les prévisions établies, laissant le conseil d'administration de l'entreprise envisager «la mise en oeuvre de mesures à même d'atténuer le déficit prévu, et permettre à l'entreprise de faire face à ses engagements dont principalement le paiement des salaires des travailleurs» au nombre de 1045, a indiqué à l'APS Mohamed-Kamel Djamaâ, P-DG du Complexe moteurs-tracteurs (CMT) de Oued Hamimime (Constantine), qui fut l'un des fleurons de l'industrie mécanique en Algérie. Pour illustrer cette situation en constante dégradation de l'entreprise et particulièrement la trésorerie qui risque d'être totalement bloquée dès le mois de septembre en cours, M.Djamaâ a indiqué que le déficit financier qui menace la pérennité même de l'entreprise, résulte notamment de la «mévente de plus de 700 tracteurs et d'un vieux stock de 300 moteurs de trois cylindres destinés à être exploités dans le secteur de l'hydraulique». Afin d'éviter le spectre de la fermeture pure et simple du CMT et ses lourdes conséquences, M.Djamaâ a souligné l'urgence de la mise en oeuvre des suggestions et des mesures de sauvegarde envisagées par le conseil d'administration qu'il préside. Le «volet social» proposé par le conseil dans sa réunion du 21 juillet dernier, soumis à l'approbation du partenaire social, prévoit notamment le recours au travail à temps partiel, a indiqué le P-DG, précisant que la mesure envisagée suggère la réduction du temps de travail de moitié, «ce qui implique la réduction à hauteur de 50% des salaires». Cette mesure qui attend toujours l'aval des représentants des travailleurs qui ont exigé «un complément d'informations», touche tout le personnel sans exception aucune. A ce propos, le P-DG de l'entreprise a expliqué que «le recours au temps partiel permettra de diminuer les frais du personnel de 85 millions de dinars pour les quatre derniers mois de l'exercice en cours, ce qui réduira le découvert bancaire à 14 millions de dinars au lieu de 100 millions actuellement». En outre, cette perspective «forcée» qui constitue la solution la moins drastique et la moins extrême, serait «à même d'éviter la fermeture du complexe et ses conséquences qui pénaliseront lourdement l'entreprise au point de vue technique, en plus des perturbations commerciales, et qui menaceront même son avenir», a souligné M.Djamaâ. Un point sera établi à la fin de l'année 2008 «pour évaluer la situation qui résultera de l'application de cette mesure, et prendre les décisions qui s'imposeront alors», a ajouté M.Djamaâ qui ne cache cependant pas son optimisme quant au sauvetage du CMT surtout, a-t-il dit, si l'Etat mettait en application les mesures arrêtées au cours d'un conseil interministériel, tenu en août 2006, sous la présidence du chef du gouvernement, pour soutenir l'agriculture et aider à l'écoulement des matériels agricoles de fabrication locale. Au cours de ce conseil interministériel, il avait été notamment décidé la mise en place d'une bonification des matériels agricoles (entre 25 et 35% pour les tracteurs) au moyen d'une participation de l'Etat, l'octroi de crédit par le système du leasing (crédit-bail) via la Salem (Société algérienne de leasing mobilier) avec un taux de 2% sur 5 ans et une assurance à taux réduit des matériels.