Les pays riches ont été appelés lundi à l'ONU à honorer la promesse faite en 2005 de doubler leur aide à l'Afrique, alors que le cataclysme subi par les marchés financiers mondiaux suscite l'incertitude sur l'avenir économique du monde. "J'appelle tous les donateurs à mettre en oeuvre la promesse faite au sommet de Gleneagles de doubler l'aide à l'Afrique", a dit le secrétaire général Ban Ki-moon, en ouvrant un sommet sur le développement de ce continent. Déplorant que selon les tendances actuelles, "aucun pays africain ne parviendra à tous les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) d'ici à 2015", M. Ban a réaffirmé que ceux-ci étaient "réalisables". "Nous avons désormais une idée assez précise des besoins," a dit M. Ban aux représentants de quelque 160 pays, dont plusieurs chefs d'Etats, parmi lesquels le Français Nicolas Sarkozy, président de l'Union européenne (UE), et son homologue tanzanien Jakaya Kikwete, président de l'Union africaine (UA). "Cela coûtera quelque 72 milliards de dollars par an en financement extérieur pour atteindre les OMD (en Afrique) d'ici à la date butoir de 2015. Cette facture peut paraître impressionnante. Mais nous en avons les moyens et elle n'excède pas les engagements déjà pris en matière d'aide", a-t-il affirmé. Les pays du G8 - Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie - s'étaient engagés en juillet 2005, lors d'un sommet à Gleneagles (Royaume-Uni), à porter l'aide à l'Afrique à 50 milliards de dollars par an d'ici à 2010, soit un doublement par rapport à 2004. Ce chiffre a été ramené depuis à 21,8 milliards de dollars et selon l'ONU et l'UA, l'aide publique au développement n'a augmenté que d'un quart de ce montant. Par ailleurs, on peut craindre que le récent effondrement de l'industrie financière ayant amené l'administration américaine à demander un plan de sauvetage de 700 milliards de dollars, n'ait des répercussions mondiales dont résulterait une réduction de l'aide aux plus démunis. "S'ils ont la volonté d'aider, je suis sûr que les pays développés sauront le faire", tentait de se rassurer Jakaya Kikwete. "S'ils travaillent ensemble, les pays de l'OCDE (l'Organisation pour la coopération économique et le développement) peuvent facilement trouver 72 milliards", a-t-il estimé. Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement (BAD), a affirmé que "si ces problèmes devaient se traduire par une réduction des efforts visant à aider les pays en voie de développement, ce serait très décevant". "Les demandes sont, franchement, très modestes", a-t-il dit. Les huit OMD, approuvés par les dirigeants du monde en 2000, visent principalement la réduction de moitié de l'extrême pauvreté à l'horizon 2015 par rapport à ses niveaux de 1990. Dans un rapport publié le 11 septembre, M. Ban déplorait que l'aide totale des pays de l'OCDE n'atteignait que 0,28% de leur PIB combiné, alors que l'ONU leur avait fixé un objectif de 0,7%. Pour sa part, M. Sarkozy a répété que l'UE tiendrait ses promesses d'aide. Il a mis en garde contre les risques de ré-endettement de l'Afrique par de nouveaux bailleurs comme la Chine. "Les Européens veulent s'engager aux côtés de l'Afrique", a-t-il assuré. "Ensemble, évitons la répétition des erreurs du passé (...), ne préparons pas une nouvelle crise de la dette africaine pour 2030", a déclaré M. Sarkozy."Pourquoi voit-on de nouveaux bailleurs de l'Afrique, qui sont par ailleurs les bienvenus, multiplier l'aide sous forme de projets?", a-t-il demandé en visant, sans la nommer, la Chine. Pékin a multiplié les financements à hauteur de plusieurs milliards de dollars de projets de construction d'infrastructures dans des pays africains, en échange d'un accès à leurs matières premières ou ressources minières.