Le secrétaire général de l'ONU n'a pas manqué de souligner qu'il s'agit de faire vite, enjoignant les donateurs de tenir leurs promesses. Le sommet de Djakarta a confirmé le rôle dévolu à l'ONU dans la coordination et la mise en œuvre de l'élan de solidarité jamais égalé dans le monde. Le bilan, encore provisoire, dépasse la barre de 160 000 morts, et la facture de l'assistance d'urgence pour 5 millions de victimes est évaluée à 1 milliard de dollars, alors que les promesses de dons atteignent 4 milliards. Le secrétaire général de l'ONU n'a pas manqué de souligner qu'il s'agit de faire vite, enjoignant les donateurs de tenir leurs promesses. Le tsunami asiatique est d'autant plus médiatisé que ces régions sont des destinations touristiques très prisées par les Occidentaux pour leurs charmes naturels, à des prix très compétitifs. Mais la vaste mobilisation en faveur des populations autochtones est un mouvement tout à fait nouveau, dont l'ampleur dépasse de loin les traditionnelles actions de compassion et de solidarité. Le monde, pour la première fois, n'arrête pas de se recueillir sur les disparus, dépêchant sur place d'importants groupes d'intervention humanitaire. Les dons pleuvent comme jamais. Même Bush s'est vu contraint de mettre la main à la poche, promettant 300 millions de dollars derrière le Japon, l'Australie et l'UE. Le président américain, qui doit officiellement succéder à lui-même la semaine prochaine, avait espéré rafler la mise de la solidarité en proposant un groupe de pilotage dont il prendrait la tête. Il s'est également planté. La communauté internationale a saisi l'opportunité de ce cataclysme pour remettre à flot l'ONU qu'il ne porte pas dans son cœur. La coordination des aides et la reconstruction de ces pays sont confiées à l'ONU et à ses institutions spécialisées qui travaillent avec des ONG qualifiées dans l'urgence humanitaire. La politique unilatérale de mondialisation prônée par les Etats-Unis est de nouveau brocardée. Le président français qui, depuis la guerre contre l'Irak, ne cesse de contrarier la politique impériale de la Maison-Blanche, propose la constitution, sous l'égide de l'ONU, d'une force internationale d'intervention humanitaire. Les effets du tsunami ont également mis le doigt sur le revers de la médaille du développement que faisait miroiter la mondialisation pour les pays émergeants où en fin de compte ne sont assujettis à la croissance et à la modernité que les quelques espaces investis par les transnationales. Le raz-de-marée a littéralement emporté toutes les populations laissées sur le quai de la mondialisation ; des villages côtiers, dont la survie dépend de la pêche artisanale, ont été rayés de la carte. Comme les bidonvilles qui pourvoient en main-d'œuvre les complexes paradisiaques gérés par des tour-opérateurs internationaux. La mondialisation, pour les trois quarts de l'humanité, c'est encore plus de précarité, d'autant que leurs Etats ont été contraints, au nom de gestions orthodoxes et en vertu de la libre entreprise, d'abandonner toute forme de politique sociale, livrant leurs populations à la débrouille et à son lot de misères. La catastrophe naturelle dans le Sud-Est asiatique et des côtes de l'Afrique de l'Est a, semble-il, entrouvert le débat sur la mondialisation. Les peuples, pour une fois, sont solidaires entre eux, dépassant leurs différences de niveau de vie religieuses, culturelles et politiques. Les Etats ont l'air de suivre le mouvement, pourvu que la réflexion s'approfondisse pour un monde enfin plus équilibré. Le sommet de Djakarta a également promis un système d'alerte identique à celui en vigueur dans le Pacifique et de la reconstruction des zones envahies par la mer, qui ne devrait plus se faire que dans la logique des tour-opérateurs. Partout, ou presque, l'on prend conscience que tel quel, le processus de mondialisation n'a fait que reproduire les inégalités et rapports de domination que le tiers-monde dénonçait et combattait le siècle dernier. Le G7 accepte un moratoire sur la dette des pays victimes des tsunamis Le G7, qui regroupe les pays les plus industrialisés, a accepté un moratoire sur le remboursement de la dette des pays frappés par les tsunamis, a-t-on appris hier auprès de sources au sein du Trésor britannique. Des sources anonymes au sein du Trésor ont indiqué qu'une annonce était prévue au sujet d'un accord du G7 sur ce moratoire, dont l'idée avait été approuvée jeudi par les dirigeants asiatiques et mondiaux, réunis en sommet à Jakarta. La Grande-Bretagne préside cette année le G7. D. B.