A la veille de l'ouverture de son débat général, l'Assemblée générale de l'ONU s'est réunie, lundi, en présence de nombreux chefs d'Etat et de gouvernement pour une session spéciale consacrée aux besoins spécifiques de l'Afrique en matière de développement. Au cours de cette réunion, un nouvel "appel" a été lancé aux pays riches pour se rapprocher de leur engagement de contribuer à hauteur de 0,7% de leur PIB au développement. Cette réunion, selon le communiqué du service de presse des Nations unies, est destinée à faire le point des promesses faites en 2000 par les Etats membres au Sommet du millénaire pour préparer "les irréparables injustices de l'histoire et les ravages inhérents à la colonisation" de l'Afrique, a rappelé le président de la 63e assemblée générale de l'ONU, Miguel d'Escoto Brockmann, duNicaragua. Il a noté les " progrès démocratiques considérables " accomplis avec la tenue d'élections, des gouvernements élus sur tout le continent et la création de l'Union africaine.Mais les "défis sont encore énormes" a-t-il déclaré. S'il a salué l'allégement de la dette extérieure, il a regretté les "conditions uniques encore imposée par les institutions de Bretton Woods" qui ont pour "effet pervers d'empêcher la mise en œuvre des programmes de réduction de la pauvreté et d'éroder les conditions de vie de dizaines de millions de personnes". Le président de l'AG a appelé "les pays riches à redoubler d'efforts pour que l'assistance officielle au développement, qui est passée de 0,33% de leur PIB en 2005 à 0,28% en 2007, se rapproche de l'engagement de 0,7% pris au sommet de Monterry". Il a également appelé les membres du G8 (Canada - France - Allemagne- Italie - Japon - Russie - Royaume-Uni - Etats Unis) et l'Union européenne, " avec toute la force conférée par sa position de président de l'assemblée générale" à respecter leurs engagements pris à Gleneagles en 2005 de doubler leur assistance publique au développement d'ici à 2010.Pour sa part, le secrétaire général, Ban Ki-moon, a précisé qu'il faudra 72 milliards de dollars par an de financements externes pour réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) d'ici 2015. Cette somme paraît élevée, mais elle n'est pas hors de portée si l'on considère que l'année dernière les pays de l'OCDE ont dépensé 267 milliards de dollars juste pour leurs subventions agricoles. "Dans ce contexte, le prix du règlement de la crise alimentaire, de la lutte conte le réchauffement climatique et l'assistance à des millions de personnes à sortir de la pauvreté extrême en Afrique paraît une bonne affaire", a déclaré Ban Ki-moon. "L'intégration de l'Afrique à l'économie mondiale doit aussi être garantie" a ajouté le président de l'AG, regrettant les subventions des pays développés à leur agriculture et l'effondrement des pourparlers de Doha sur la libéralisation des échanges agricoles notamment. "Ceux qui promeuvent le libéralisme extrême changent de ton au premier signe de menace à leur puissance" a-t-il ajouté. Le président de l'Assemblée générale appelé à la "solidarité fraternelle" pour faire face à la crise alimentaire, qui vient "éteindre le peu d'espoir qu'il y avait de réduire d'ici 2015 le nombre d'Africains souffrant de la faim". Il a appelé au transfert des technologies nécessaires à la sécurité alimentaire et à l'adaptation aux "conséquences dévastatrices du changement climatique". Le principe de responsabilité partagée mais différenciée face au développement durable met les pays développés face "à une obligation morale et juridique de respecter leurs engagements" a-t-il encore dit, soulignant "les richesses effarants générées par les multinationales de l'extraction de ressources à partir de la terre, de la chair et du sang de l'Afrique, sans produire en retour des investissements diversifiés". Le président de l'Assemblée générale a enfin appelé à l'assistance dans le domaine de la santé, face notamment aux 25 millions de personnes atteintes du sida en Afrique. Le débat de lundi est aussi un débat préparatoire au sommet de haut niveau sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) qui se tiendra jeudi à l'ONU.