Le pétrole à plus de 200 dollars comme annoncé un moment par Chakib Khelil est un rêve en voie d'évaporation. Pour autant, le baril à moins de 70 dollars, un prix qui compromettrait les projets du gouvernement et les promesses devant accompagner un troisième mandat de Bouteflika, est aussi un cauchemar qui se dissipe. C'est du moins ce que prévoit le gouvernement français qui a présenté hier son projet de budget pour 2009. Selon ces prévisions, le prix du baril redescendra à 100 dollars en moyenne en 2009, après 109 dollars en 2008, de même que l'euro, attendu à 1,45 dollar en moyenne contre 1,50 dollar cette année, selon le projet de loi de finances présenté hier en Conseil des ministres. Sur les marchés, les cours du brut étaient en net recul hier dans les échanges électroniques en Asie, dans l'attente de l'adoption du plan de sauvetage du système bancaire, selon des courtiers. Dans les échanges matinaux, le prix du baril de Light Sweet Crude, pour livraison en novembre, perdait 1,30 dollar à 106,72 dollars le baril. Le baril de pétrole Brent pour livraison en novembre reculait de 1,12 dollar à 103,48 dollars, contre 104,60 dollars jeudi soir. Les prix du pétrole ont avancé jeudi à New York, tirés par la perspective d'un accord rapide entre l'administration américaine et le Congrès sur le plan de sauvetage du système financier américain. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de Light Sweet Crude pour livraison en novembre a fini à 108,02 dollars, en hausse de 2,29 dollars par rapport à la clôture de mercredi. Les parlementaires américains ont encore un grand nombre de questions à régler avant d'approuver le plan de sauvetage du système bancaire, a indiqué jeudi un porte-parole du chef de la majorité démocrate du Sénat, à l'issue d'une réunion à la Maison-Blanche. Il y a “encore beaucoup de questions à régler”, mais “nous faisons des progrès”, a déclaré Jim Manley, porte-parole du sénateur Harry Reid, ajoutant que les parlementaires “y travaillent”. M. Manley s'exprimait à l'issue d'une rencontre à la Maison-Blanche consacrée à la crise bancaire, réunissant le président américain George W. Bush, des responsables du Congrès et les candidats à la présidentielle américaine du 4 novembre, le démocrate Barack Obama et le républicain John McCain. Chakib Khelil a attribué mercredi la volatilité des prix du pétrole à des facteurs externes aux fondamentaux du marché. “La crise des subprimes (crédits hypothécaires à hauts risques américains), combinée à une dépréciation du dollar et une hausse du mouvement de spéculation, est à l'origine de la grande hausse du prix du pétrole jusqu'à juillet 2008”, a déclaré M. Khelil, en marge d'une rencontre organisée par l'Agence nationale du patrimoine minier (ANPM) à Alger. Il y a eu une baisse symétrique des cours depuis juillet, en raison du renforcement du dollar qui est arrivé, il y a une semaine, à 1,39 dollar l'euro, “entraînant ainsi une baisse à 90 dollars du prix de baril contre 140 auparavant”, a-t-il ajouté. Ensuite, “l'affaiblissement du dollar, passé de nouveau à 1,47 dollar pour un euro a fait remonter à 120 dollars, durant une journée (lundi, ndlr), le prix du baril”, a expliqué M. Khelil. Le président de l'Opep a aussi affirmé que derrière la faiblesse de la devise américaine et le mouvement de spéculateurs, on trouvait “toute la politique monétaire américaine avec l'injection récente de liquidités par la Réserve fédérale (Fed) pour aider les banques en difficulté”. D'après M. Khelil, il existe d'autres facteurs qui pourraient faire baisser les prix du brut, comme la faiblesse de la demande aux Etats-Unis et en Europe. Il a dit s'attendre à un repli à 900 000 barils/jour (b/j) de la demande supplémentaire de pétrole en 2009 en raison de la récession dans ces deux régions. La demande supplémentaire de brut enregistrée ces dernières années était de 1,5 million de b/j, selon M. Khelil. Cette demande supplémentaire pourrait être satisfaite par des pays producteurs non membres de l'Opep, a ajouté M. Khelil. D'après lui, il revient à l'Opep “d'évaluer le marché et de décider si elle peut vendre son pétrole sur le marché ou réduire sa production” en fonction du niveau de la demande qui restera à satisfaire. A. Ouali